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Rire, please...
Rire, please...Pour ses 20 ans, le TTO dézingue à toutes berzingues !
Avec pour fil rouge une invitation dans une émission culturelle (de fin de programme comme il se doit pour les évènements du genre), les auteurs Laurence Bibot et Sébastien Minustru revisitent le parcours de la directrice du lieu, Nathalie Uffner (dans son propre rôle) et épingle la place du rire dans le monde du théâtre.
Inévitablement, ce style de rétrospective introspective ne manque ni de piquant, ni d’ironie et même si elle provoquera chez certains quelques étranglements, beaucoup y trouveront surtout de quoi se payer quelques belles tranches de rire.

Dans une sorte de melting-pot, par instants un peu brouillon, c’est tout le milieu théâtro-culturel qui est décrit avec humour et une fameuse dose de réalisme ou, est joyeusement caricaturé.
Première et incontournable peinture : le caractère des comédiens avec son lot de ragots, nunucheries, mesquineries, coucheries ou vacheries, son gay-friendly, ses égos surdimensionnés et son snobisme.
Second sujet, de plus en plus douloureusement d’actualité, la précarité du statut d’artiste et les règlements parfois abscons qui le régissent.
Solide paquet, finement évoqué, la place réservée à la culture dans nos médias avec cette parodie de talk-show, cette animatrice mégalo et sur un strapontin éjectable (Soda) ou encore le nombre de colonnes accordées à un article.
Incontournable, le pertinent (et délicieusement impertinent) questionnement sur la place du rire eRire, please...t de l’humour dans ce que certains considèrent (à tort ou à raison ?) comme un milieu d’élitisme intellectuel débouche sur un pastiche de la critique journalistique, du classicisme sous toutes ses formes et des spectacles ‘prises de tête’ mais interpelle également sur l’attribution des prix et subventions.
Rire Please brocarde, avec un bel esprit frondeur, un tel nombre de thèmes qu’inévitablement tous les sketches n’atteignent pas le spectateur avec la même acuité et certains, laissent parfois une impression de longueur ou semblent moins parlants. Si le TTO règle ses comptes avec une profession et un milieu où le rire n’a pas toujours droit de cité et reste souvent en mal de reconnaissance, cette autoparodie, malgré toute l’amertume qu’elle révèle, est jouissive et drôlement caustique.
Sur scène, les fans du Théâtre de la Toison d'Or retrouveront, outre Nathalie Uffner et Soda déjà citées, quelques familiers des lieux (Laurence Bibot, Julie Duroisin, Emmanuel Dell'Erba, Antoine Guillaume et Aurelio Mergola) qui s’en donnent à cœur joie dans cette série de pastiches déjantés et savoureusement décapants.

Spectacle vu le 02-10-2015
Lieu : Théâtre de la Toison d'Or

Une critique signée Muriel Hublet

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