Français? Non peut-être!
Vivre huit ans en Belgique quand on est français, une galère ?
Comment un Lyonnais pur jus réussit-il à s’accommoder d’Arno, de Brel, des moules-frites, des bières spéciales, des mitraillettes ou de nos problèmes Flamands-Wallons ?
Comment jongle-t-il entre septante-cinq et soixante-quinze ?
Est-ce vraiment incompatible ?
Avec la mauvaise foi, le chauvinisme, le côté hâbleur et râleur que nous attribuons (avec justesse ?) à nos voisins du sud, Jules égratigne avec une tendresse amusée les travers aussi bien des uns que des autres.
De l’esprit patriotique aux noms de villages, de l’amour de l’accordéon à la prétention d’être par naissance un véritable chef coq (digne de participer aux plus grandes émissions de téléréalité du genre), des personnages célèbres dont il faut s’enorgueillir (ou pas) aux expressions et accents savoureusement typiques, Jules évoque nos différences et nos points communs avec un humour délicieusement irrévérencieux, mais jamais méchant.
Dans une mise en scène de Patrick Ridremont, le plus belge des humoristes français (c’est lui qui le dit) nous entraîne dans une ébouriffante et décapante leçon de belgitude qui nous fera redécouvrir quelques-unes de nos racines parfois oubliées ou négligées.
Loin de la vision stéréotypée et un peu méprisante que Coluche donnait des Belges, il nous ravigote le moral et nous rend une once de notre fierté nationale, trop fréquemment écornée par l’actualité.
Complice avec le public qu’il n’hésite pas à provoquer gentiment ou à mettre à contribution, il se risque ainsi à travailler sans filet, à reprendre les balles au bond avec agilité et pertinence souvent pétillante.
Au jour où nous écrivons ces lignes, Français ? Non peut être ! est une toute jeune création qui doit encore s’affiner, s’axer plus sur certaines séquences bien réussies et en améliorer d’autres un peu plus faibles (ex. : la recette de cuisine ?). Mais, en l’état, cette soirée non-stop (une heure et demie sans entracte) nous offre déjà un joli moment entre zwanze malicieuse et gouaille frondeuse.
Spectacle vu le 26-11-2015
Lieu :
Comédie Centrale
Une critique signée
Muriel Hublet
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