Alive
«Il n’y a pas de personnages. La vie, ça se passe dans la vie. Pas dans la fiction. Vous, spectateurs, qui êtes là devant nous, vous allez devoir faire preuve d’un peu d’imagination. Vous vous trouverez tour à tour dans une petite ville du Far West, dans le désert, dans un saloon, dans une chambre d’hôtel…».
Le ton est donné. Manu (Dekoninck) explique, Manu expose. Manu explose en toute simplicité, avec son naturel désarmant. Tout est dit, rien n’est joué. Black doit être tué mais le sera-t-il ?... Black, c’est l’ami qu’il s’est construit, qu’il s’est choisi quand il était ado dans son internat au Collège Sainte-Croix à Hannut, avant de passer de l’autre côté, dans le monde adulte. Et c’est peut-être ce soir que Manu va basculer chez les « grands ». Peut-être…
Alive c’est une histoire de cow-boys, d’indiens, de constructions imaginaires pour ancrer la réalité parfois pas toujours claire ou facile à affronter. C’est aussi et surtout une rencontre entre des amis qui ont beaucoup bossé ensemble pour accoucher d’une heure dix d’une tranche de vie partagée en direct, droit dans les yeux, avec un public qui marche à fond. On rit beaucoup, on est touché beaucoup, on savoure le moment présent.
Et puis il y a les musiques, dans des arrangements géniaux de Gilles Masson, musicien et comédien… à ses heures perdues, arrangements qu’il défend sur scène, avec guitares et autres instruments, « en live », accompagné par Manu. Ils chantent aussi. Et c’est beau le country de ces deux-là.
Enfin, il y a Black, Benoît Verhaert, gueule de cow-boy comme dans les films, la dégaine facile, ténébreux à souhait, chasseur de primes, né de… mais de qui au fait ? Entre cuir noir et pyjama long, on hésite.
Le tout emballé de lumières colorées, de clair obscur ou de plein feu selon les moments et les lieux, sur un fond tout en liège et miroirs coulissants, avec, bien sûr, porte à battant comme là-bas.
Rien n’y manque, pas même la bagarre (superbement orchestrée ), les filles de joie du saloon (si ! si !), les plumes d’indien, le colt authentique… et la belle Lise Remacle, celle qui a fait fantasmer tous les ados du collège. Une mention spéciale pour Juan Borrego, le régisseur complice sur scène des comédiens, présence discrète mais efficace.
Reste la question du pouvoir suprême du créateur, la volonté de toute-puissance, tuer sa créature ou pas… Réponse sur la scène du théâtre de la place des Martyrs jusqu’au 3 janvier et après (on leur souhaite bien fort), sur toutes les bonnes scènes de Belgique et d’ailleurs.
Spectacle vu le 30-12-2015
Lieu :
Théâtre des Martyrs - Atelier
Une critique signée
Carine Vrayenne
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