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Adèle
AdèleLa vagabonde…

Petite fille de la ville, Adèle a passé quasi toutes ses vacances chez Maria, dans un village de pêcheurs désormais déserté.
Aux côtés de la vieille femme bourrue, bien plus qu’apprendre à aimer et à respecter la mer, elle a grandi en se forgeant un solide caractère, l’amour de liberté et une vision très personnelle de la vie.
Dans un langage un peu décousu, sans guère de linéarité, Adèle se raconte, mélange les bribes d'hier avec ce qui la taraude aujourd’hui …. La petite chose qui s’accroche dans son ventre.

Certes, la thématique du retour aux sources face à un choix difficile est usée, a été maintes fois explorée.
Oui, la scénographie de Chloé De Wolf constituée d’un amas d’objets, délicatement éclairés, que l’on trimbale d’un coin à l’autre de la scène n’est pas neuve non plus.
On peut également reprocher certaines lenteurs, certains longs silences (notamment dans les déplacements du tricycle) dans la mise en scène de Patricia Hoyoux.

Il est donc facile de démolir d’emblée ce spectacle, sans réfléchir, sans se donner la peine de le percevoir.
Et ce serait pourtant dommage de passer à côté, tant il recèle de plaisantes et savoureuses surprises.

Plein de poésie, le texte de Veronika Mabardisurfe habilement sur le contexte maritime et nous offre de jolies métaphores aussi vivifiantes qu’une bouffée d’air iodé.
Une clé c’est bien mieux qu’une croix ; prends un verre ça remet la tête à l’endroit ; une femme quand ça a des idées ça doit être prudent ; inventer sa loi ; protéger sa joie ; …
Ces bribes de phrases, véritables doses de bon sens sont autant de leçons de vie délicatement distillées tout au long de la représentation.
De solides rappels à avoir peut-être un peu plus les pieds sur terre, ou tout au moins fermement campés sur une grève battue par les vents ?
Mais s’il ne faut retenir qu’une chose d’Adèle, c’est Agathe Détrieux.
Ce petit bout de femme réussit à captiver, à surprendre, à suspendre à ses lèvres le spectateur simplement par son sourire, son regard vulnérable ou farouche. 
Elle tisse une forme de connivence, de partage, de relation avec le public et lui offre ainsi des instants fragiles, privilégiés.
C’est ces petits moments parfois trop fugaces, derrière le monotone et ronronnant ressac de la thématique rabâchée, c’est ce sourire, cette complicité que l’on gardera d’Adèle, une jolie bulle de fraîcheur, de joie de vivre et de tendresse amusée, sensible et séduisante.

Spectacle vu le 06-08-2016
Lieu : Festival Royal de Spa (Salon Gris)

Une critique signée Muriel Hublet

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