L’Abécédaire des temps modernes – Tome 1
Huit lettres de l’alphabet de A à H pour cette première partie d’un abécédaire résolument très moderne.
Huit signes d’apparences différentes qui vont faire un cycle, un ensemble de mots, de bribes de récits qui vont se croiser, se répéter, s’entremêler intimement.
Huit fragments de vie, autant de jeux de mots, de phrases qui ricochent et hésitent entre amours, sentiments et une réalité très contemporaine, presque trop.
Sur scène, 4 comédiennes, quatre corps en noir et blanc qui vibrent, dansent, ondulent, tanguent entre deux vagues, valsent entre deux délires.
Une scénographie pour le moins originale nous fait hésiter entre piste de skate et ring d’impro.
Le sol est recouvert de mousse isolante comme pour mieux étouffer les cris et revendications rageuses.
Pas une note de couleur, à peine quelques jeux de lumière, mais une recherche dans les costumes et des coiffures pour le moins originales accentuent cette impression futuriste pourtant guère éloignée de nous et de nos préoccupations.
Les actrices sont chacune dans leur coin, comme des combattantes sur le qui-vive, pour ensuite glisser les unes vers les autres au gré des mots entre disputes, déclarations ou affirmations. Elles vont envahir le centre de cette arène, s’adresser au public installé de part et d’autre, nous faire vivre des petits bouts de vie.
Paul Pourveur nous propose un texte résolument réaliste, il mélange la mondialisation, la solitude, la routine, la peur d’aimer.
Le propos est résolument féminin, des femmes parlent de leurs désirs, de leurs convictions, de leurs corps tout simplement.
Elles mélangent les générations, les interdits, les traditions dans un cycle qui devient presque une boucle sans fin.
Cette féminité éternelle est tout à la fois poésie revendicatrice et cynique constatation.
Elle devient un mélange étourdissant, un manège endiablé, une rhétorique implacable, le portrait tourmenté d’une époque troublée et affolante.
Une apparence de délire verbal, des textes comme fragmentés qui se réunissent finalement en une harmonie surprenante.
De prime abord, cela interloque, mais il faut se laisser prendre par la magie des mots. Écouter tout simplement pour saisir derrière la part de fantasmagorie les rigueurs d’une analyse pointue de notre société.
Spectacle vu le 21-01-2007
Lieu :
Théâtre des Martyrs - Atelier
Une critique signée
Muriel Hublet
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