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Petits crimes conjugaux
Petits crimes conjugauxUne pièce de théâtre d’Eric-Emmanuel Schmitt, c’est généralement un régal.
Rien ici ne dément cela, bien au contraire.
Gilles et Lisa sont un vieux couple.  Mais suite à un accident, il est devenu amnésique.
Nous le voyons faire son retour chez lui, chercher des traces de son passé, fouiller sa mémoire, interroger sa femme, essayer de comprendre.
Elle est là, douce, réconfortante, maternelle même, mais aussi drapée dans des silences étranges.  Elle s’enferre dans des petites contradictions, elle a des petits gestes réticents.
Que se passe-t-il entre eux ou plutôt que s’est-il passé ?
Nous ne vous donnerons pas la réponse, ce serait dommage de déjà savoir la fin, de ne pas profiter du petit côté machiavélique du texte d’Eric-Emmanuel Schmitt.  Il nous entraîne d’un retournement de situation à un autre et réussit à nous surprendre encore et encore.
C’esPetits crimes conjugauxt l’histoire d’un couple vieillissant, aux sentiments usés par le temps, qui se remet en question, qui déchire le voile de la tendresse qui a recouvert leur union,  pour essayer de retrouver l’amour originel.
Pas de tristesse, pas de grandes effusions, juste des répliques qui fusent, incisives, drôles, savoureuses, mais qui derrière cette façade pleine d’humour font mouche, vise au cœur du spectateur, l’interpelle sur son propre couple.
Derrière un récit presque policier, avec des mots justes, mais aussi avec énormément de pudeur, l’auteur nous offre un véritable hymne à l’amour.
Jean-Luc Duray signe une mise en scène sobre, il laisse une place importante aux mouvements du corps, aux regards, aux gestes de recul, aux mains qui se tendent et s’arrêtent comme suspendues et hésitantes.
Jacqueline Préseau est Lisa, femme aimante, trop peut-être, qui vit dans la peur de perdre son amour, son mari.  Qui joue les femmes modernes et libérales, mais qui au fond d’elle-même crève de jalousie et a peur de voir son univers s’effondrer.
Petits crimes conjugauxUn sentiment qu’elle ne sait pas exorciser, elle s’éloigne donc insensiblement, elle s’enferme dans un isolement morbide et pernicieux.  Un rôle toutes en nuances, une femme forte et fragile, amoureuse et menteuse, désespérée et prête à tout.  Jacqueline Préseau parvient très bien rendre toutes ces facettes.
Face à elle, Oscar Dubru est Gilles, auteur de romans policiers, il est un homme un peu manipulateur, plein d’idées parfois un peu trop préconçues mais aussi un côté câlin, un aspect un peu fragile, il tire les ficelles d’une manière tendre et légèrement ironique à la fois.
C’est un régal de voir ses regards en coin, ses mines de chat devant un bol de crème.

Petits crimes conjugaux, c’est un peu de bonheur théâtral, mais surtout une superbe tranche de vie d’un couple comme vous et moi, sur le fil du rasoir.

Spectacle vu le 12-11-2006
Lieu : Théâtre de la Flûte Enchantée

Une critique signée Muriel Hublet

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