Araberlin
Une famille mixte se trouve en but aux tracasseries administratives de la police.
La raison, le frère de la femme, d’origine libanaise, est soupçonné de vouloir devenir un terroriste.
Les médias vont s’en mêler, créer une véritable pression insupportable sur cette famille déjà fragilisée par la disparition du jeune homme.
Chacun va révéler ses sentiments profonds, les comportements vont changer, plus rien ne sera désormais comme avant.
Calomnies, médisances, confiance, abandon, défaitisme, vengeance, foi, intégrisme, tolérance, que de sujets évoqués à mi mots, mais avec beaucoup de réalisme et de pudeur.
Un texte fort, prenant, dérangeant, interpellant et franchement véridique.
Son auteur, Jalila Baccar, nous laisse volontairement dans le flou, elle énonce des faits, elle peint des situations sans jamais prendre parti.
Elle nous peint des personnages très différents, peut-être un peu extrêmes auxquels il est difficile de s’attacher, mais qui tous, sont compréhensibles dans leurs motivations propres.
Chacun s’exprime, présente ses idées, défend ses propos.
Le seul juge, c’est le public qui reçoit le texte, sorte de questionnement sur notre actualité quotidienne, miroir d’un véritable problème de société.
Elle nous oblige à prendre un recul salutaire, à faire travailler notre imagination et notre sens critique.
Elle nous fait entamer un travail de réflexion sur la place des uns et des autres dans la société, sur le terrorisme, l’intégrisme, la peur de l’autre. Elle touche du doigt nos idées préconçues, elle balaie les soi-disant évidences pour laisser la place à une prise de conscience dérangeante, mais efficace.
Jacques Neefs signe une mise en scène au rythme rapide et volontairement saccadé.
Il a opté pour une présentation bi frontale pour renforcer la proximité, l’impression pour le public d’être au plus près, de toucher l’action du doigt.
Dans un décor moderne, réaliste, froidement impersonnel, il laisse la place aux mots et au jeu de ses cinq acteurs : Dolorès Delahaut, Bernard Gahide, Hassiba Halabi, Hakim Louk’man et Stéphane Ledune qui enchaînent les personnages sans pour autant provoquer de confusion dans l’esprit des spectateurs.
Il faut souligner la prestation de Bernard Gahide, omniprésent en homme ou en femme, et qui surtout signe une superbe Marianne Gross.
Hassiba Halabi, elle, donne énormément d’émotion, de force et de puissance à Aïda.
Ensemble et grâce à Jacques Neefs, ils donnent vie et reliefs à un texte fort à un questionnement essentiel.
AraBerlin, Arabe Berlin, deux mots volontairement associés, comme on pourrait le faire avec Arabe et Bruxelles, sans en perdre pour autant un seul instant la pertinence du récit.
AraBerlin ? AraBruxelles ? Une union ? Un divorce ?
Vous seuls avez la réponse.
Mais un questionnement, une introspection à faire d’urgence au Théâtre des Martyrs.
Spectacle vu le 25-04-2007
Lieu :
Théâtre des Martyrs - Atelier
Une critique signée
Muriel Hublet
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