Le Dindon
Citation d'un illustre inconnu philosophe et critique à ses heures Celui qui sort d'une pièce de Feydeau en n'ayant pas ri est soit mort, soit sourd.
Cette citation résume à elle seule Le Dindon.
Feydeau, c'est le langage ciselé, c'est le rire immédiat, c'est l'ironie moqueuse sous le burlesque premier degré...
La transposition des personnages dans une ambiance disco, mis à part les coiffures et les costumes abracadabrants, n'apporte, il faut bien le dire, pas grand-chose.
La mise en scène est vive, soignée et volontiers polissonne.
Sur cet aspect, le marionnettiste-metteur en scène ne s'est pas trompé.
Des sauts de carpe de Raidillon au jeu de Colin-maillard du couple avec le vieux militaire, les add-ons visuels (comprendre par là les petites trouvailles plus "actuelles" de cette version) font mouche, et renforcent sans surcharger le comique burlesque de la situation.
Les acteurs sont enthousiastes, et ne cachent pas leur plaisir de monter sur scène, plaisir partagé par le public, qui rit aux éclats du début à la fin.
La scène du strip-tease de la maîtresse anglaise vaut particulièrement le détour (ah, ce maillot griffé aux armes de la Grande-bretagne !!).
Le jeu est nerveux, tonitruant, à l'image de la vieille baderne militaire jouée à l'acide corrosif du rire franc.
Ici, on ne réfléchit pas, on ne se penche pas au-dessus de vertigineuses questions existentielles : on est venus pour s'amuser. Pari tenu.
Juste peut-être deux petits points qui me chiffonnent.
Le disc-jockey sur scène me semble incongru.
L'idée des morceaux live est une bonne chose, fallait-il pour autant que l'on voie le dj?
Le voir en permanence au-dessus de la scène donne une étrange impression de visionner l'enregistrement d'un club années 70, plus que de voir du théâtre.
Quant à l'introduction jazzy de notre dame de petite vertu, elle m'a semblé carrément déplacée dans le contexte de la pièce. Mais ces deux défauts mineurs n'ont en rien entaché le plaisir de rire de bon cœur.
Dernière remarque, mais cette fois à l'intention du théâtre lui-même. Que vous ne mettiez pas à la disposition de la compagnie des aides pour remplacer le décor, soit. Chacun négocie suivant ses moyens.
Mais les spectateurs n'ont pas à voir cela.
Personnellement, j'ai éprouvé de la pitié en voyant pendant l'entracte, alors que le rideau était déjà levé, les comédiens devoir eux-mêmes pousser les meubles et les éléments de la scène.
Spectacle vu le 30-04-2009
Lieu :
Théâtre de la Toison d'Or
Une critique signée
Bruno Ramos
Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF