La solitude d'un acteur de peep-show avant son entrée en scène
Je fais la pute mais je veux qu'on me respecte
Seul dans la foule.
Seul derrière ses miroirs.
Sa silhouette multipliée à l’infini et invisible ou presque, qui crie, pleure et supplie.
Un homme, un anonyme, croisé cent fois dans la rue, qui ne demande qu’à exister, qu’à prendre vie mais reste tapi dans l’ombre de notre indifférence.
Son métier ne facilite peut-être pas les choses, il est acteur de peep-show.
Pourtant, une fois sorti de sa vitrine, dans la rue, au magasin ou au bar rien ne le différencie des autres non ?
C’est cette angoisse existentielle qu’il va oser évoquer, cette lourde porte refermée sur lui-même qu’il va essayer d’entrouvrir pour se révéler, se dévoiler.
Il va supplier et implorer pour tenter de trouver un souffle de vie dans nos regards.
Mais il va aussi exprimer rage et frustration, libérer la rancœur et la violence accumulées tout au long de ces années de déni et de mépris.
Paul Van Mulder, tout à la fois auteur et interprète, devient un homme comme il en existe des milliers, sur le bord du rasoir, qui couve intérieurement une agressivité amère, trop longtemps contenue et prête à exploser à tout instant.
Il nous offre un jeu d’acteur, qui comme son va et vient sur scène, tangue entre force vibrante et humilité, entre hurlement et murmure, entre confidences et supplications.
Sur la scène vide, trône une chaise, celle de la solitude, celle de l’attente, celle du penseur qui retourne dans sa tête ses idées noires et sa souffrance morale.
Paul Van Mulder y devient un homme fragile, dans une situation précaire, isolé dans une solitude effroyable.
Emouvant et attendrissant, c’est vers le public que va sa supplique :
Apaisez-moi, calmez-moi, aimez-moi.
Spectacle vu le 16-01-2008
Lieu :
Atelier 210
Une critique signée
Muriel Hublet
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