Opéra Panique
L’émotion entre mise à nu et déstructuration.
Résultat d’un atelier théâtral sur les formes, l’espace, les corps, les mouvements, la musicalité, ce spectacle est une épure aussi étrange que séduisante et absconse.
Composé d’une douzaine de textes, entrecoupés du même motif musical, Opéra Panique est chaque soir différent.
Les quatre performeurs ne savent pas dans quel ordre ils vont être diffusés.
De même, il n’y a pas de déplacements imposés, leur plus grande partie relève de l’impro, simplement encadrée par les codes préétablis.
Si Alejandro Jodorowski en est l’auteur, ses courtes pièces et poèmes n’apparaissent que comme des mots, une thématique, un fil conducteur.
Sur scène, Opéra Panique est très loin des standards du théâtre ou même de la danse.
Déroutant et pénétrant, il s’apparente à une sorte de bois brut, avec ses angles, ses aspérités rugueuses et ses surfaces lissées comme patinées et polies avec amour.
Les comédiens ne sont pas des danseurs, ils manquent de la fluidité classique, mais la puissance des regards, la gestuelle corporelle dégage une magie étrange et incompréhensible.
Sans décor, avec la lueur des spots pour tout habillage, ils évoluent sans cheminement précis, simplement à l’écoute des uns et des autres pour éviter toute collision.
Ce désordre volontaire peut dérouter, mais paradoxalement, on se prend au jeu, on s’imagine des pans de soie prolongeant le mouvement d’un bras, une fumée enveloppant une pirouette, un envol de bulles irisées pour souligner un geste large.
Derrière la réalité crue, par-delà le fruste, certains instants apparaissent comme sublimés là où d’autres interpellent beaucoup moins.
Par contre, les moments joués sont constamment forts et la bande-son de toute beauté.
Il serait chimérique de tenter de décrire mieux Opéra Panique.
Sorte d’OVNI théâtral, impossible à qualifier ou à sérier, il se décline entre impressif et perceptif, bousculant les habitudes, évacuant la linéarité pour exploser à l'image d'une fusée de feu d'artifice en une myriade d'étoiles et d'étincelles.
A voir le cœur et l’esprit ouvert, il séduira et déroutera par son aspect tout à la fois profond, brouillon, attachant et déroutant.
Spectacle vu le 28-11-2009
Lieu :
Espace Delvaux
Une critique signée
Muriel Hublet
Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF