L'étroit mousquetaire
Un foldingue mousquetaire
Le gascon d’Artagnan, sa montée à paris, son entrée chez les mousquetaires du Roy, le duc de Buckingham, Richelieu, Milady, Rochefort, les ferrets de la Reine et le benêt Louis XIII, tout le monde connaît.
Texte signé Alexandre Dumas, filmé, refilmé, joué sur les plus grandes scènes et les plus humbles tréteaux, il fait partie des classiques d’entre les classiques.
Ceux que l’on surnomme familièrement dans la région de Charleroi La bande à Scapin, remettent le couvert en troussant, déplumant et accommodant la recette centenaire en une farce burlesque et endiablée.
A l’écriture (ou au détricotage ?) Alain Boivin, William Duncker et Antoine Vandenberghe. Les trois bougres gardent en fil rouge (ténu) le récit initial, mais transforment le roman et ses multiples personnages (43 à l’origine) en une pantalonnade servie par 7 comédiens seulement.
Présentés sous forme de sketches, les évènements se suivent et ne se ressemblent pas.
De délire verbal à clin d’œil visuel, d’une clownerie à une imitation, d’une parodie à un sulfureux jeu de mots tout y passe par le rire et le drolatique.
De d’Artagnan très Fernand Raynaud sur son miteux Poupousse à roulettes à un duel commenté par un Zitrone très axels et triples lutz, d’une amitié naissante se transforme en MousketAcademy où officie un Jacques martin qui entonne Hélène et les Gascons aux intonations de Bébel, d’un Bourvil bafouilleur à un accent wallon bien de circonstance, tout y passe dans un désordre foutraque, dans un véritable festival de gags conçus par cette délirante bande de oufs.
Malheureusement, toute la difficulté de ce genre de spectacle est l’équilibre et c’est par là que pêche l’Etroit mousquetaire.
Certaines scènes comme le bourreau de Béthune sont surfaites, d’autres comme la parodie théâtrale finale font hors propos et too much.
C’est un peu dommage par rapport à d’autres scènes très pertinentes et désopilantes.
Gageons cependant que face aux réactions du public, la souplesse et le dynamisme de l’équipe permettront de rééquilibrer très vite le spectacle.
Beaucoup de spectateurs ont encore en mémoire Les fourberies de Scapin et donc la comparaison entre un texte bien connu et une totale invention (ou presque) en surprendra plus d’un et laissera un petit goût d’amère frustration créée par l’impression d’être passé à côté du meilleur pour n’avoir eu qu’un ersatz, tout comme on hésiterai entre un ferret original et sa copie.
Cette parenthèse acrimonieuse refermée, on ne pourra cependant d’applaudir à pleines mains la générosité et la fougue communicative des comédiens, l’originalité kitch des costumes et l’inventivité de tous les instants et surtout on gardera en mémoire William Dunker et son costume en rideau fleuri, Alain Boivin en éminence, Evelyne Delfosse en Milady Vampirella, Roland Michaux en impayable Madame de Lannoy ou encore Michelle Vercammen en délicieuse Constance Bonacieux, Antoine Vandenberghe en d’Artagnan potache et Luigi Di Giovanni en Porthos débonnaire.
Spectacle vu le 23-02-2008
Lieu :
Comédie Centrale
Une critique signée
Muriel Hublet
Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF