Minute Papillon
Le fleuve de la vie, l’océan de souvenirs
Les maisons de repos, les homes, hospices et autres mouroirs sont entrés dans les mœurs.
Très (trop ?) souvent, Papy, Mamy, Bonne-maman et Bon-papa y coulent (dans un véritable naufrage ?) leurs derniers jours.
Finie la complicité avec les petits-enfants, terminé d’être une référence, une mine d’histoires, une image du passé récent.
Les enfants mènent une existence trépidante, une vie de fous et les rencontres familiales ne sont, à de rares exceptions près, que quelques minutes arrachées à un emploi du temps toujours surchargé, à une corvée shopping ou lessive.
Stéphanie Lepage, jeune actrice de 23 ans, a choisi de mettre en avant celle que l’on nomme pudiquement la personne âgée.
Elle en a rencontré, interviewé et filmé des charmantes dames chenues aux cheveux de neige.
Son spectacle Minute Papillon est un choix d’extraits de ces bribes de confidence.
Elle y insère sa touche personnelle en ayant amalgamé ces fragments de vie, des instants comiques, délicieux, bouleversants, tragiques en un récit complet, le destin de Lucette Bonnier (87 ans) et une rencontre entre une mamie hennuyère et sa petite-fille comédienne.
Émouvante en solitaire petite dame qui n’a plus que Coco son perroquet pour toute compagnie.
Sa fille lui a abandonné son petit-fils et ce dernier désormais adulte vit à l’étranger.
Mis à par les toiles tendues au fond de la scène et la télévision pour projeter les extraits vidéo, tout le décor n’est qu’accessoires, palette de maquillage, bonnet, perruque et miroir, pour permettre à la comédienne d’endosser un rôle après l’autre.
Cette simplicité est un véritable régal visuel et théâtral tant Stéphanie Lepage irradie, illumine de l’intérieur ces femmes et passe avec une aisance inouïe de l’une à l’autre.
Derrière le magnétisme de Stéphanie Lepage, Minute Papillon est surtout une ode à la vie … et à la mort.
Si le spectacle risque de paraître mièvre à ceux qui n’ont pas connu leurs grands-parents ou de déplaire à ceux qui proches de l’âge de Lucette Bonnier vont refuser d’appréhender cette triste (sordide ?) réalité, espérons que pour tous, Minute Papillon soit un déclic psychologique.
Et qu’ainsi, plus jamais, on n’oublie ces isolés par le (manque de) temps, la vie, les kilomètres ou les ans.
De même, souhaitons que désormais, derrière ce que trop fréquemment on résume sévèrement par le mot radotage chacun puise toutes les valeurs et traditions utiles ou vitales que trop souvent on néglige.
Spectacle vu le 03-11-2008
Lieu :
Théâtre Le Public - Voûtes
Une critique signée
Muriel Hublet
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