Le Naufrage
Pomme (Mathilde Mazabrard) et Jimmy (Geoffrey Magbag) sont deux rescapés d’un naufrage.
Isolés chacun sur leur île, à portée de vue et de voix l’un de l’autre, ils sont séparés par une étendue d’eau infranchissable.
Tout semble les diviser : la classe sociale, le caractère, l’aveuglement temporaire (suite à l’explosion de la chaudière du navire) de Jimmy, …
Un dialogue, par instants, difficile va ainsi s’installer entre les deux adolescents que rien ne semble réunir au départ et qui pourtant se retrouvent confrontés au même inexorable destin… la mort.
Angoisse, panique, solitude, chagrin, faim, soif, fatigue, optimisme, pessimisme tous ces sentiments vont les étreindre jusqu’à l’arrivée d’un bien étrange jardinier … Il marche sur l’eau.
Qui est-il ?
Il parle de croire, de foi.
Un ange ?
Va-t-il les sauver ?
Eric Westphal, l’auteur de cette nouvelle théâtrale s’attache à jouer avec les sentiments et les impressions, à nous faire naviguer entre les extrêmes, entre certitudes et suppositions, entre vie et mort, entre foi et incrédulité, entre espoir et fatalité.
Réalisé avec peu de moyens par la jeune compagnie HéHo, il nous permet de découvrir le talent de Geoffrey Magbag qui nous offre une prestation excellente dans ce jeune homme qui a perdu la vue, qui n’a guère la foi, qui se cherche lui-même tout en essayant de paraître homme et responsable.
A ses côtés, Mathilde Mazabrard apporte à Pomme la juste fragilité, la force optimiste et la pointe de naïveté nécessaire à cette jeune fille jusque-là gâtée et protégée par la vie.
Pierre Collet est l’étrange personnage tout à la fois bouffon et généreux, ironique et sentencieux, il endosse ainsi les ailes d’un ange bien peu commun.
Les dernières minutes du spectacle verront l’apparition de Isabelle Nasello dans le rôle de Mademoiselle (la comédienne signe également la mise en scène) qui dans un retournement étonnant de situation va infléchir l’histoire vers un destin différent, mais peut-être tout aussi inexorable.
Cette vision de Naufrage n’est pas condamnée à sombrer dans l’oubli d’un séjour sur une île déserte, mais porte en lui la saveur et la fraîcheur vivifiante d’un texte plus qu’intéressant, très bien servis par ses acteurs et, s’il surprend et déroute, il se révèle surtout bien attachant.
Spectacle vu le 12-04-2008
Lieu :
Centre Culturel Bruegel
Une critique signée
Muriel Hublet
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