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Une vie d'infortune
La schizophrénie du caméléon
Tout de sombre vêtu, un livre noir dans les mains, dont il tourne les pages d’un doigt impérieux, comme un clergyman celles de son bréviaire, Marc De Roy se livre dans une pudique retenue.
Qui est-il ?
Que nous veut-il ?
Il est l’anonyme, celui que nous croisons sans vraiment le remarquer.
Il est l’invisible faucheur, l’exécuteur de contrat, le solitaire tueur.

Sa vie bien réglée n’est que prudence, observation et discrétion.
Pas de passion, pas d’amour, il était l’ombre grise dans le brouillard.
Jusqu’à aujourd’hui…
Bien campé devant nous, il nous darde de son regard noir inquisiteur et inquiétant.
Il se livre, par bribes discrètes puis, laisse doucement s’écouler le flot de bile et d’amère solitude qui a été son lot quotidien pendant toutes ces années.

Fabrice Gardin signe un monologue fragile et complexe.
Marc De Roy lui donne toute la puissance et la mesure de son talent d’interprète.
Il fait de Vincent, son prénom d’un soir, un personnage trouble, inquiétant et attachant.
Si l’on peut s’étonner du choix de mise en scène (Fabrice Gardin et Frédéric Clou) qui l’oblige à crapahuter parmi le public pour aller s’installer de-ci de-là sur une chaise ou sur un coin de table, on appréciera la force et la désespérance qui se dégagent de cet homme éperdu, qui surfe superbement sur le fil du rasoir, en équilibre délicat entre émotivité, humanité et aversion.

Spectacle vu le 31-10-2008
Lieu : Arrière-Scène

Une critique signée Muriel Hublet

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