Le Baiser de Roxane
C'est un roc!... C'est un pic!... C'est un cap!...
Que dis-je, c'est un cap?... C'est une péninsule !
Qui n’a jamais entendu cette tirade de Cyrano de Bergerac, la célèbre pièce d'Edmond Rostand.
Ce classique des classiques est pourtant une gageure pour les théâtres : 5 actes, 50 rôles, de nombreux décors, une scène de bataille, plus d’un millier de vers, …
Gérard Duquet a entraîné Danielle Fire, Isabelle Roelandt et Jean-Pierre Audebeau dans sa petite folie personnelle, proposer une version plus minimaliste en mariant personnages de chair et de sang et marionnettes.
Une extravagance ? Un défi ?
On pourrait le croire… à tort !
Le texte proposé garde le fil rouge de l’œuvre de Rostand et reste même très respectueux de l’esprit de la pièce.
Si on y retrouve les incontournables tirades du nez et encore le chant des cadets de Gascogne, l’originalité de la présentation est double.
La présence d’un castelet, le clin d’œil visuel humour donné aux personnages de bois et de chiffons et les échanges avec les deux acteurs en sont le premier volet.
Mais le plus grand mérite de ce spectacle en est le découpage audacieux et la création d’apartés entre Roxanne (Isabelle Roelandt) et Cyrano (Gérard Duquet).
Ils sont ainsi tout à la fois les protagonistes du récit, mais aussi des bateleurs qui relient entre eux les différents éléments d’épopée romantico-héroïque.
Ces interventions pleines de fantaisie et de cocasseries se transforment ici en oasis reposantes et souriantes qui permettent au final d’appréhender très différemment le texte de Rostand.
Ces petits instants égayants font retomber l’intensité dramatique et reposent, le temps d’un gag ou d’un rire, l’esprit du spectateur.
La perception des mots d’Edmond Rostand en devient comme sublimée, Le Baiser de Roxane en dégage la magie et la puissance d’une langue riche et imagée.
Ce spectacle est donc une occasion de redécouvrir ou de faire découvrir aux plus jeunes un des auteurs majeurs de la langue française.
Devant les décors et costumes de Christian Guilmin, la mise en scène de Danielle Fire fait mouche, le sourire piquant et l’expressivité d’Isabelle Roelandt explosent tandis que sa tendresse séduit.
Pour évoquer la verve et la fougue de Gérard Duquet rien de tel que les mots de Rostand …
Je vous préviens, cher spectateur,
Qu'à la fin de l'envoi il touche !
Et si les lumières éteintes, il ne reste qu’une chose, ce sera …
Son panache !
Spectacle vu le 08-08-2009
Lieu :
La Valette
Une critique signée
Muriel Hublet
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