Strange Fruit
Un spectacle à la fois théâtral et musical basé sur cette célèbre chanson interprétée par Billie Holiday.
En 1939, ces paroles deviennent un symbole de la lutte des noirs pour leur liberté et leur égalité.
Bien avant Martin Luther King, Rosa Parks et Malcom X, elle devient emblème, porte-parole et réveilleuse de conscience.
Michel Dezoteux et son équipe de musiciens et comédiens nous tracent en filigrane cette lutte des noirs américains pour leurs droits civiques.
Entre images d’archives, textes et paroles de chansons, extraits de discours connus, les artistes nous proposent leur propre I have a Dream.
Très musicale et jazzy, leur interprétation est superbe à l’oreille.
Le propos antiraciste lui, se dilue entre les notes, s’y fane doucement malgré certaines photos choc ou quelques phrases particulièrement bien présentées (Karim Barras et son histoire d’enfant ou Dennis Mpunga qui devient lui-même un des Stranges Fruits de la chanson).
Le message se perd donc un peu dans les méandres de l’oubli et de l’ignorance, malgré le montage vidéo d'Éric Castex (pour lequel il faut un minimum de connaissances historiques).
Musicalement irréprochable, ce Strange Fruit nous permet de découvrir que ceux que nous connaissions comme comédiens sont des artistes bien plus complets en pouvant rajouter sans crainte le chant (pour Fanny Marcq, Achille Ridolfi) ou la musique (Karim Barras, Michel Dezoteux, Dennis Mpunga) à leur talent d’acteurs.
Le volet théâtral paraît un peu maigrichon en comparaison, surtout après nous avoir appâtés avec un résumé prometteur.
Mais il ne faut pas, comme dit le proverbe, jeter lé bébé avec l’eau du bain.
La musique tient ses promesses de manière splendide et si le propos théâtral s’est légèrement égaré en cours de route, le jalon est malgré tout posé pour d’autres spectacles du même genre.
Michel Dezoteux et son jazz-band viennent de prouver que cela est possible, et il ne faudrait pas grand-chose de plus pour satisfaire à la fois les oreilles, les yeux et les esprits.
Spectacle vu le 31-03-2007
Lieu :
Théâtre Varia - Grande Salle
Une critique signée
Muriel Hublet
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