Le songe d'une nuit d'été
Œuvre la plus étrange et complexe de Shakespeare, elle est ouverte à toutes les conjonctures, toutes les possibilités d’interprétation et donc d’adaptation.
Jean-Claude Idée, le metteur en scène, a décidé de l’ancrer dans la réalité et d’en faire le spectacle de fin d’année d’une école des arts.
Dans un entrepôt, tout en tubes et en échafaudages, nous assistons donc au casting des futurs interprètes et à la répartition des rôles.
L’une des actrices, déçue de se voir confier un rôle mineur, va s’endormir et imaginer dans ses rêves, Le songe d'une nuit d'été.
Un détour volontaire donc du metteur en scène pour expliquer l’axe qu’il souhaite donner à son spectacle et la modernisation qu’il y a apportée.
Les colonnes athéniennes deviennent des cylindres transparents (d’où certains spectateurs s’imaginent que des acteurs doivent sortir tant, elles font étranges au milieu de la scène).
La forêt devient franges de tissus blancs entre lesquelles vont se déplacer les différents protagonistes.
Stylisé est le grand mot leitmotiv qui caractérise tout le spectacle.
Là où on espérait une touche de fantaisie et de légèreté face à toutes les possibilités qu’offrait la fantasmagorie du texte, on reste dans un certain formalisme presque décevant au vu des efforts d’imagination réalisés sur certains costumes ou sur certaines scènes.
Faire se balader des fées et des lutins quasi en permanence sous la lumière blanche et crue, sans guère d’effets pour créer l’impression irréelle de voir évoluer des personnages imaginaires, cela donne un relief très peu enchanteur.
On a donc l’impression rageante de rater quelque chose.
Dommage pourtant, car l’ensemble est loin d’être désagréable ou vilain. Le chassé-croisé entre Marc Zinga (Lysandre), Gauthier Jansen (Démétrius), Aïssatou Diop (Hermia) et Fanny Hanciaux (Héléna) est très plaisant.
Certaines prestations sont savoureuses comme le drolatique qu’insuffle Jasmina Douieb à Thisbé, la performance physique et la présence pétillante et souriante d’Othmane Moumen (Puck l’esprit des bois) ou encore de voir Jean-Claude Frison, en Oberon cornu et diabolique, faire la mouche et Michel Poncelet l’âne Pyrame.
Jean-Claude Idée signe un Songe d'une nuit d'été amuseur, presque bouffon, mais qui laisse flotter dans la salle une légère et désagréable impression de froideur ambiante et une grosse frustration d’avoir perçu une série d’ébauches intéressantes hélas rarement concrétisées.
L’inventivité de certaines scènes et de certains costumes fait paraître bien pâles d’autres aspects de la pièce.
Les plus à plaindre sont les acteurs qui sont bien mal payés en applaudissements pour tant d’efforts, d’allant et de générosité.
Spectacle vu le 23-11-2007
Lieu :
Théâtre Royal du Parc
Une critique signée
Muriel Hublet
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