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Une aspirine pour deux
Une aspirine pour deuxPlus connu pour ses films, Woody Allen est, on l’oublie souvent, dialoguiste et scénariste.
Il excelle à transcender les pensées, à les dévoiler dans leur absolu le plus brut.
En prenant pour sujet Allan (Stéphane Delvigne) un névrosé hypocondriaque, largué par sa femme, qui développe les complexes à la pelle, les sujets d’apartés et d’idées les plus loufoques seront de mises pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Il fantasme sur la liberté sexuelle retrouvée de son ex-femme (une pétillante Aïcha Aït-Taïb) et la voilà qui apparaît en petite tenue. 
Critique de cinéma, fan d’Humphrey Bogart et son film mythique Casablanca, Allan se sent dépassé par l’idée de se chercher une nouvelle compagne.  C’est donc tout naturellement qu’un Bogey (Fabrice Cecchi) flegmatique, feutre mou et imperméable mastic, un verre de bourbon à la main, vient lui susurrer quelques conseils.
Allan n’est pourtant pas seul dans la vraie vie.  Son meilleur ami Dick (un excellent Lionel Loth) est là pour le soutenir.  Mais, le golden boy, oreille vissée au téléphone, obsédé par ses affaires, a confié cette tâche à sa femme Linda (Sibylle du Plessy-Vallois).  À peine moins phobique qu’Allan, elle se sent délaissée par son mari.
RUne aspirine pour deuxéunir deux bancals de l’amour et des sentiments, des assidus des thérapies et des anxiolytiques n’est ce pas dangereux ?

Woody Allen ose et cela provoquera pas mal de titillements moraux à Allan et donc, une étourdissante débauche de rêveries des plus loufoques.
Une Aspirine pour deux n’est pas une pilule amère.
Légèrement effervescente, la pièce est plaisante, truffée de jeux de mots, de mimiques cocasses et de sous-entendus.
Christian Ferauge signe une mise en scène rythmée, sans forcer le ton, ce qui donne un agréable relief à la pièce, sans tomber dans le travers des portes qui claquent, trop classique dans les vaudevilles.
Il dirige ses cinq comédiens avec sensibilité et inventivité.
Mélanie Robin, la femme rêvée, souhaitée par Allan, accumule les changements de tenues et de personnalités et varie entre la dogmatique frigide et la vamp très Jessica Rabbit.
Fabrice Cecchi, non content d’endosser la tenue propre à Philippe Marlowe, réussit une jolie parodie de l’acteur.
Lionel Loth est une des nouvelles recrues du Théâtre de la Flûte Enchantée et un choix judicieux.  Il est plaisant et excelle à transmettre les sentiments qui l’agitent.
Une aspirine pour deuxSibylle du Plessy-Vallois donne un ton très juste à cette épouse fidèle et perturbée.
Stéphane Delvigne porte sur ses frêles épaules tout le poids de la pièce.  Si cela semble un peu lourd pour lui en première partie, il aborde la seconde comme libéré et s’épanouit enfin.

N’attendez donc pas votre prochain mal de tête pour aller partager cette aspirine théâtrale.  Pendant près de deux heures (entracte compris) vos soucis s’envoleront dans l’effervescence de ce remède inédit.

Spectacle vu le 09-09-2007
Lieu : Théâtre de la Flûte Enchantée

Une critique signée Muriel Hublet

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