Black and White
Entre veuve noire et veuve joyeuse, Lorette Goosse nous propose, dans Black & White, des portraits d’épouses éplorées, affligées, inconsolables ou… soulagées.
Chaque jour, nous côtoyons la rupture, le divorce, la séparation et la mort.
Entre rires et émotions, elle nous fait découvrir par le petit bout de la lorgnette la femme face à sa nouvelle solitude.
Que cache la tenue noire de rigueur ?
La femme primesautière, heureuse d’être enfin débarrassée d’un époux volage, de l’avoir enfin poussé, par accident, sous les roues d’un camion.
La veuve de star, déchue, pédante, snob jusqu’au bout de ses ongles vernis, accro au luxe et à la veuve Clicquot.
La brave ménagère ardennaise qui commande un avis nécrologique dans la gazette locale et qui en profite pour tenter d’y vendre les affaires du malheureux même pas encore enterré.
L’éplorée qui pour sa première sortie, après 7 mois de réclusion volontaire, mais surtout par respect des fameuses conventions si lourdes de diktats à obligatoirement respecter, va participer à une réunion de vente à domicile. Mais bien loin des classiques Tupperware, la voilà participante à une vente d’objets plutôt coquins.
La solitaire qui envisage de se faire inséminer le sperme de son défunt conjoint.
La Reine espagnole qui a des problèmes de prononciations avec la lettre V.
L’opportuniste qui découvre ainsi l’idée de commercialiser… des protège-slips noirs.
Une quinzaine de femmes vont ainsi défiler sous nos yeux.
Veuve sans cercueil, veuve d’un compagnon bien réel ou d’un être tout à fait imaginaire ou idéalisé, chacune va réagir très différemment.
Leurs souvenirs seront perles de tendresse et serreront pas mal de gorges, leurs réparties, leurs réactions instinctives seront caustiques et acides, et déclencheront les éclats de rire.
Mais à aucun moment, on ne peut rester indifférent.
Lorette Goosse réussit à nous sensibiliser, à nous surprendre avec des textes soigneusement étudiés, écrits par un panel d’auteurs belges connus, humoristes ou non (Marie-Paule Kumps, Steve Houben, Bernard Tirtiaux, Martine Willequet, Stéphanie Blanchoud, Christian Dalimier).
Petit bout de femme au regard bleu pétillant et perçant, elle allie dynamisme et une diction exemplaire pour nous entraîner de gag en jeu de mots, de chanson en émotion, sur un rythme soutenu.
Black & White c’est voiles et dentelles noires sur fond d’arsenic et de vitriol.
Pleurer ou mourir … mais uniquement de rire !
Spectacle vu le 11-07-2007
Lieu :
Festival Vacances Théâtre - Salle Prume
Une critique signée
Muriel Hublet
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