Le Faiseur de monstres
Un camion rouge qui sillonne les routes.
Banal ?
Quasiment, sauf si …
À la nuit tombée, les portes latérales s’ouvrent sur l’intérieur d’une roulotte.
Un personnage difforme (Brockau-Axel De Booseré) se laisse distingué entre les volutes de fumée.
Il est consciencieusement occupé à mutiler un chien sur la table de cuisine de son logis miteux.
Nous sommes sur un champ de foire, un univers clos rythmé par une concurrence féroce pour s’attirer les bonnes grâces du public.
Le succès se fait difficile et les spectateurs sont de plus en plus séduits par le sensationnalisme.
Brockau et son talent tout particulier pour créer (à grands coups de souffrances pour la gent animale) des monstres bizarroïdes deviennent un enjeu entre deux patrons forains Appolon (Claude Fafchamps) et Arkovia (Mireille Bailly).
Mais l’appât de l’argent ne compensera pas les attraits de la belle Lina (Virginie Ransart et Marie Normand en alternance).
Ce spectacle est tiré du répertoire du Théâtre du Grand Guignol, antre parisien fermé en 1963, mais qui garde une fameuse réputation pour ses comédies macabres et sanguinolentes (à tel point que l’adjectif grand-guignolesque est passé dans notre vocabulaire).
Déjà proposé par la Compagnie Arsenic lors des représentations de Une soirée sans histoires, Le Faiseur de monstres bénéficie cette fois de tous les soins et attentions des habiles décorateurs, maquilleurs, éclairagistes et surtout de la scénographe Maggy Jacot.
Mis en scène par Axel De Booseré à la manière de jadis, avec de grands gestes amplifiés, on se replonge ainsi avec délectation dans nos racines, dans un théâtre qui fleure bon nos images d’enfance, celles de ces vieux films noir et blanc que l’on regarde avec un sourire attendri.
Mais loin de faire exagéré, suranné ou anormalement accentué, Le Faiseur de monstres tire allègrement sur la corde de l’humour en nous proposant une incursion drolatique dans un monde abominablement cocasse qui conjugue l’atroce, le macabre et le rire.
La Compagnie Arsenic nous offre, une fois de plus, un spectacle généreux, audacieusement désuet, décoiffant et horriblement exquis.
Spectacle vu le 22-08-2009
Lieu :
Festival Royal de Spa (Salon Gris)
Une critique signée
Muriel Hublet
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