Modèles vivants
Un pudique effeuillage de l’âme
Une affiche faite de corps nus …
Un spectacle osé ou impudique en perspective ?
Que nenni !
La nudité est bien abordée, mais avec une pudeur incroyable.
Un homme et trois femmes se racontent, livrent leurs impressions de Modèles vivants.
Ils posent …
Non pas des bombes !
Vous n’assisterez pas à un nouveau 11 septembre version belge.
Ils sont modèles, ils posent nus pour des artistes.
Pourquoi ?
Comment en sont-ils venus là ?
Ils évoquent chacun un parcours différent, avec fierté, rage, conviction d’être artiste ou de découvrir de nouveaux horizons.
Pudiquement, ils se dévoilent, ils exposent leurs sentiments, leurs points de vue, leurs besoins, le rapport bien particulier qu’ils ont avec la pose et avec leur propre corps.
De la difficulté de maintenir une posture, d’être une image, du besoin d’être aimée ou reconnue dans le regard des autres, d’une tentative de renoncement à toute inhibition à une audace rebelle et provocatrice de sortir d’une petite vie étriquée, chacun y va de sa petite (ou grande) histoire, livre émotions, anecdotes, perceptions, sans fard, mais sans étalage osé ou ostentatoire.
Régis Duqué nous propose quatre monologues, quatre pures et sobres mises à nu.
Sa mise en scène (conjointe avec Guillaume Istace) utilise une scénographie épurée, presque dépouillée (Emilie Cottam) pour laisser la place belle à la gestuelle et aux mouvements presque dansés (Nienke Reehorst), le tout souligné, atténué ou amplifié par un joli jeu de lumières (Joëlle Reyns).
Histoire de démystifier d’emblée le phénomène nudité, Cédric Juliens (Prix du Meilleur Espoir Masculin 2007 pour ce rôle) entame, dévêtu, en tenue d’Adam (sans même de feuille de vigne) la série de portraits.
Il ne restera découvert que quelques instants, juste assez pour sensibiliser et apprivoiser les spectateurs à la nudité.
Il se veut artiste à part entière, revendique son corps anguleux, est fier d’être un modèle difficile à dessiner, un défi pour les étudiants.
Tour à tour virulent, fier, cynique, brutal, d’une force de conviction incroyable, il séduit d’emblée par son audace et la profondeur de son jeu.
Daphné D'Heur le remplace ensuite pour évoquer son vomissant parcours de jeune comédienne crève-la-faim, qui commence à poser par nécessité et finit par y trouver le bonheur d’être regardée, respectée et aimée en temps que corps.
Marie Vennin sera la jeune femme qui s’imagine draguée par un ami peintre, s’invente un véritable plan drague là où il n’y a qu’une simple séance artistique et finira déçue et dégoûtée par son innommable idiotie.
Monique Fluzin, évoquera sa morne vie, à côté d’un rigide mari, médecin de campagne, et qui ose s’évader en pensée d’un corps engoncé dans les contraintes des pudibondes années 50.
Dans Modèles vivants, l’émotion et l’humour tissent naturellement, un vêtement pudiquement respectueux à une nudité sans complexes, acceptée, revendiquée, volontaire, libre et jamais choquante.
Spectacle vu le 15-03-2008
Lieu :
Théâtre du Méridien - Salle Sud
Une critique signée
Muriel Hublet
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