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L'Huître
Un spectacle taillé sur mesure pour Jacques Balutin.
L’acteur français interprète Bernard, un retraité, fan de cyclisme et qui passe plus de temps sur son vélo qu’avec son épouse.
Retraite équivaut à ennui et trop de temps à réfléchir, Bernard commence à se poser des questions sur sa Viviane, sa femme (Axelle Abbadie).
Jalousie quand tu nous tiens.
Jacques s’invente un véritable délire, devient soupçonneux en diable et finit par croire à l’impossible.
Rendre la liberté à son épouse désormais heureuse avec un autre devient une évidence.
Mais un homme, ça se doit de ne pas perdre la face.
Il ne lui reste plus qu’une solution, divorcer … de manière honorable.
Il s’invente donc … une maîtresse, dans l’espoir secret de rendre sa femme jalouse et ainsi de la récupérer illico.
Mais comme dit le proverbe… on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre et…
tel est pris qui voulait prendre.

Ces deux citations sont loin d’être anodines, elles reflètent bien le sens de la pièce, mais elles sont aussi l’essence même des jeux de mots qui émaillent L’huître.
Didier Caron n’a pas été avare en jeux de mots sur toutes ces petites phrases ou expressions toutes faites qui colorent notre langage.
Derrière le mélodrame, se cachent donc une comédie finement ciselée et une peinture de mœurs délicieusement subtile.
Non content d’en être l’auteur, Didier Caron en signe aussi la mise en scène.
Il fait aller et venir ses comédiens entre l’appartement du couple et celui du pseudo amant.
Pas évident à mettre en scène ?
Trop de portes qui claquent comme dans les vaudevilles ?

Non, l’écueil est évité haut la main, par une scénographie inventive.
Dans le décor d’intérieur résolument moderne et cosy, une frontière invisible existe, discrètement représentée par une différence de teintes.
Le bleu chez Olivier (Philippe Gruz) et le brun chez Bernard et Valentine.
Les coussins aigue-marine succèdent aux beiges, la table de salon se décline en blanc d’un côté et marron de l’autre, même la moquette change de couleur.
Un travail de précision qui crée l’illusion et qui permet de faire évoluer cette guerre de couple.

Retrouver sur scène le mari, l’amant, la soi-disant maîtresse et le pseudo amant n’est pas situation neuve, mais elle est ici très plaisante dans son approche.
L’Huître s’enrichit aussi de la présence de Jacques Balutin qui nous offre un véritable festival de mimiques, remarques en coin, regards significatifs et petites perfidies.
A ses côtés Axelle Abbadie offre une composition sobre, mais judicieuse de cette femme prête à tout pour retrouver l’amour de son mari et échapper à sa jalousie maladie.
Philippe Gruz joue le vieux garçon, pointilleux, maniaque, véritable Monsieur Propre, mais qui cache avec soin une réelle solitude et son lot de souffrances.
Dernier membre du quatuor, mais pas le moindre question pitreries, Morgane Bontemps est la savoureuse nunuche, la craquante idiote, et particulièrement cruche engagée par Bernard pour jouer le rôle de sa maîtresse.

Un langage simple et direct, des dialogues naturels, des personnages dans lesquels tout le monde peut aisément s’identifier voilà la précieuse perle que révèle cette Huître saveur humour, sauce Balutin, concoctée par Didier Caron.

Spectacle vu le 15-10-2007
Lieu : Centre Culturel d'Auderghem

Une critique signée Muriel Hublet

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