Le Revizor
Un décor (signé Marco Vinals Bassols) bancal aux murs légèrement ondoyants, aux portes de guingois et au plancher bombé à l’image d’un monde tout sauf carré ?
Au milieu, un groupe de magouilleurs qui ne dépareraient pas dans certaines de nos villes, car si l’action se passe en Russie il y a bien longtemps, l’auteur Nicolas Gogol nous démontre avec force et fracas que les malversations sont décidément bien humaines et non uniquement réservées à faire les beaux soirs des journaux télévisés belges.
Mais comme toujours, il n’y a jamais moyen de magouiller en paix, il y a toujours une mouche du coche pour ennuyer tout le monde, un délateur zélé déçu par un manque de profit, un calomniateur jaloux et l’arrivée d’un Monsieur Propre qui incarnera le Zorro sans peur et sans reproche de l’immaculée justice.
Nicolas Gogol pousse son propos politique plus loin que l’on ne le fait chez nous en introduisant dans la basse-cour en folie (imaginée par Michel Dezoteux à la mise en scène) un faux examinateur, plus renard et compère que les madrés volatiles comploteurs et profiteurs qui la peuple.
Dans le rôle de ce Revizor pas très droit dans ses pantoufles ridicules, Karim Barras signe une belle performance avec force regards et mimiques amusants.
Face à lui la clique des obséquieux tricheurs, menée de main de maître par Yoann Blanc en gouverneur au visage volontairement blanchi (en parodie à l’expression la g… enfarinée ?).
A ses côtés Eric Castex en directeur des hôpitaux, Erwin Grünspan en inspecteur des collèges, Blaise Ludik en juge Liapkine-Tiapkine, Marcel Delval en policier bien aveugle et Denis Mpunga en directeur des postes, sans oublier les opportunistes Dobtchinski et Bobtchinski (Frédéric Dezoteux et Photios Kourgias) sorte de Dupont et Dupond russes.
La musique en live est signée Rosario Amedeo et Denis Mpunga.
Le volet féminin est représentée par deux nunuches totalement déjantées, l’épouse (Fanny Marcq) et la fille (Emilie Maquest) du gouverneur.
La domesticité n’est pas en reste entre le servile et speedé Yvain Juilliard côté gouverneur et Alexandre Trocki en domestique résigné d’un gamin immature et flambeur … le revizor.
Ils sont quatorze sur scène, agités, nerveux, courant partout pour échapper à qui, à quoi ?
Fous, excités, naïfs, bambochards, bouffons, Michel Dezoteux transforme ses comédiens en de drôles de pantins diablement remuants, presque trépidants et surtout délicieusement kitch.
Certaines scènes font un peu exagéré dans un ensemble sinon bien équilibré, qui évite de tomber dans la mascarade caricaturale et politique belgo-belge.
Le Revizor reste, tout comme la magouille, universel et une réussite de plus à épingler au plastron de Michel Dezoteux qui semble destiné à devenir le dépoussiéreur de classiques (ce dont on ne se plaindra pas vu le résultat de ce spectacle et de L’Avare précédemment).
Spectacle vu le 22-02-2008
Lieu :
Théâtre Varia - Grande Salle
Une critique signée
Muriel Hublet
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