Candide
Tribulations d’un éternel optimiste
Comme chassé de son Éden natal, Candide va, de rencontre en rencontre, se colleter avec la vie.
Cire malléable, au départ, il perd, petit à petit, au fil de la trentaine de chapitres du conte philosophique écrit par Voltaire, son innocence et sa naïveté en prenant la mesure du monde qui l’entoure, en ouvrant les yeux et en osant enfin penser par lui-même.
Projeté hors de son cocon rassurant il est confronté à l’absurdie militaire, la guerre, les moqueries, le mépris, les coups, la faim, l’appât du gain, la cupidité, la vénalité, … .
Inévitablement, l’œuvre voltairienne est donc riche en personnages et en rebondissements.
En pénétrant dans la salle du Théâtre du Grand Midi-XL, la scène porte en son centre un demi-cercle, l’univers autour duquel Candide va voyager.
Sur le pourtour un globe terrestre, un fauteuil, des outils et un comédien en tenue très XVIIIe siècle.
Vous n’avez pas mal lu, il s’agit bien d’un seul en scène.
Bernard Damien (dans une mise en scène de Claude Enuset) incarne tous les rôles.
D’un claquement d’éventail il devient Cunégonde, une pointe d’accent allemand et le ventre en avant voici qu’apparaît maître Pangloss, le doigt sous le nez fait surgir le moustachu gouverneur de Buenos Aires…
On ne peut que rester admiratif devant l’aisance avec laquelle l’acteur se glisse dans chaque personnage.
Virevoltant, sautillant ou dansant, il emplit le plateau, transporte le public de Westphalie en Bulgarie ou de Constantinople à Venise d’un geste.
Qu’il insuffle au moment adéquat, un tic maniéré pour déclencher les rires, qu’il pince les narines pour dénoncer un vice, que son regard pétille pour qu’il voûte les épaules pour masquer une veulerie Bernard Damien crée par son jeu vivant et dynamique tout l’univers imaginé par Voltaire.
Son approche rafraichissante et ironique en fait percevoir tout le sel et évite toute lassitude ou toute longueur au récit initial.
Mieux même, il en exhale la morale et le dynamise. Audacieusement, il y glisse quelques anachronismes qui accentuent le parallèle entre le Siècle des Lumières et notre XXIe.
Candide est une quête à la recherche d’un amour perdu et du bonheur.
Quelle que soit sa perception de la philosophie de son auteur, personne ne pourra oser dire qu’il n’a pas vécu pendant le spectacle un bonheur théâtral grâce à Bernard Damien, un homme décidément véritable amoureux et passionné de son art.
Un spectacle que l’on peut également conseiller sans hésiter aux enseignants qui veulent faire découvrir à leurs classes l’œuvre de Voltaire.
Spectacle vu le 30-09-2010
Lieu :
Théâtre du Grand Midi - XL
Une critique signée
Muriel Hublet
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