Tokyo Notes
Hall d’entrée d’un musée à Tokyo.
Un endroit anonyme ou presque, avec quelques bancs, un présentoir, une machine à café, une poubelle.
Une vingtaine de personnages va s’y croiser, se rencontrer de manière fortuite ou presque.
Entre leurs propos anodins de prime abord, l’auteur Oriza Hirata distille un portrait subtil de notre société moderne.

Ebauches de dialogues, non-dits, silences évocateurs, paroles vides de sens, banalités, tout cela va, mine de rien, s’emboîter pour devenir le reflet d’une société qui se cherche un but, une identité dans une période troublée.
Derrière des commentaires sur l’art, le peintre, le boulot, la famille, les enfants, la mode ou la littérature se cachent des problèmes bien plus fondamentaux : l’amour, l’avenir, la guerre, la politique, …

La mise en scène de Xavier Lukomski utilise le théâtre dans sa globalité, des couloirs aux escaliers, de la scène aux coulisses pour faire déambuler sa vingtaine d’acteurs dans un décor ouvert.
Jeune héritière, fratrie, amoureux, conservateur, avocate, copines, tout le monde se retrouve dans ce musée tout comme on peut les croiser partout, dans la rue, le métro, à la banque, des anonymes, des vous, des moi, des vies inconnues sans sens apparent et pourtant…

Là réside la magie et la difficulté de l’univers d’Oriza Hirata, simple et si profond à la fois.
Un petit monde dans lequel on pénètre lentement à pas feutrés, un microcosme, peut-être hermétique, si on ne sait en percevoir d’emblée l’illusoire magie, l’informelle importance.
Chaque mot, chaque regard y a son importance, chaque silence sa profondeur, chaque geste sa signification.
Un théâtre tout en profondeur à explorer lentement, précautionneusement, un peu comme les pièces d’un immense puzzle dont on manipule et retourne chaque pièce pour lui trouver sa place exacte.

Spectacle vu le 15-02-2008
Lieu : Théâtre Les Tanneurs
Une critique signée Muriel Hublet

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