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Lapsit Exillis
Lapsit Exillis   Ingrid von Wantoch Rekowski propose une épopée théâtrale et musicale très loin de nos conceptions traditionnelles.
Sur une scène épurée, inclinée à 40°, au travers d’un cercle de vision étroit, la scénographie donne l’impression d’observer comme au microscope un microcosme violent.
Si le récit plonge, sur papier, ses racines dans les légendes arthuriennes, chacun y retrouvera par instants des échos bien plus contemporains.
Sans paroles distinctes, uniquement fait de mots d’ancien breton, le spectacle se fait universel et se rythme au son de l’orgue, des percussions et des voix des sept acteurs.

Étrange, surprenant, déroutant et séduisant, Lapsit Exillis se perçoit avec les yeux ou avec le cœur.
Les esprits cartésiens y rechercheront peut-être en vain un fil conducteur.
Déroutant donc, de prime abord, Lapsit Exillis se veut impressif ou perceptif.
Ingrid von Wantoch Rekowski a composé une sorte de ballet où la violence et la mort sont omniprésentes.
Sa vision épurée ne manquera pas de surprendre par la force des sentiments exprimés ou représentés.
Chaque geste retentira différemment en chacun de nous, mais ne laissera personne indifférent.

Sur scène, Dieter Bossu, Angelo Dello Spedale Catalano, Laurent D’Elia, Isabelle Dumont, Ludmilla Klejniak, Candy Saulnier et Catherine Travelletti se font souples pantins désarticulés pour se glisser dans les armures stylisées ou sous l’espace étroit sous la table ronde.
Ils sautent, dansent, miment les combats, chantent, tremblent, meurent avec une précision gestuelle extraordinaire.
Le travail très physique est, outre la lutte contre la pesanteur sur ces planches si inclinées, un véritable enchaînement de mouvements très précis, qui ne souffre aucune erreur, aucun retard.
On ne peut donc qu’applaudir cet énorme travail collectif, cette extrême exigence, cette quasi-perfection visuelle qui transcendent les sentiments scandés par le rythme des battements pulsatifs ou les jeux des visages.

La rage, la douleur, la mort, l’épuisement, l’envie, la jalousie et bien d’autres résonnent, vibrent ou voltigent dans la salle du Théâtre National.
Surprenant, déroutant, mais séduisant et captivant, Lapsit Exillis mérite que l’on dépasse les habitudes du théâtre traditionnel pour découvrir une évocation baroque et forte qui se joue d’une certaine ambiguïté toute volontaire qui transcrit un rêve éveillé et drôlement réaliste.

Spectacle vu le 29-09-2009
Lieu : Théâtre National - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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