Étrange, surprenant, déroutant et séduisant, Lapsit Exillis se perçoit avec les yeux ou avec le cœur.
Les esprits cartésiens y rechercheront peut-être en vain un fil conducteur.
Déroutant donc, de prime abord, Lapsit Exillis se veut impressif ou perceptif.
Ingrid von Wantoch Rekowski a composé une sorte de ballet où la violence et la mort sont omniprésentes.
Sa vision épurée ne manquera pas de surprendre par la force des sentiments exprimés ou représentés.
Chaque geste retentira différemment en chacun de nous, mais ne laissera personne indifférent.
Sur scène, Dieter Bossu, Angelo Dello Spedale Catalano, Laurent D’Elia, Isabelle Dumont, Ludmilla Klejniak, Candy Saulnier et Catherine Travelletti se font souples pantins désarticulés pour se glisser dans les armures stylisées ou sous l’espace étroit sous la table ronde.
Ils sautent, dansent, miment les combats, chantent, tremblent, meurent avec une précision gestuelle extraordinaire.
Le travail très physique est, outre la lutte contre la pesanteur sur ces planches si inclinées, un véritable enchaînement de mouvements très précis, qui ne souffre aucune erreur, aucun retard.
On ne peut donc qu’applaudir cet énorme travail collectif, cette extrême exigence, cette quasi-perfection visuelle qui transcendent les sentiments scandés par le rythme des battements pulsatifs ou les jeux des visages.