L'affaire Nazareth
Quoi de plus solennel comme scène de théâtre que la cour d’assises pour instruire le dossier de Jésus de Nazareth.
L'avocat Hippolyte Wouters (Haendel ou Le Choix d’Hercule ) a imaginé un jugement actuel sur base de la fameuse compétence universelle que la Belgique s’est attribuée en son temps.
Situation pour le moins ironique de juger, par contumace, un emblème pour des millions de personnes, un personnage religieux mort depuis un peu plus de deux mille ans.
Le protocole et l’apparat judiciaires deviennent ici un élément paradoxal dans un procès … d’anthologie ???
Sortie de la plume fertile d’un membre du barreau et interprétée par des f
amiliers des cours de justice, L'affaire Nazareth est un dossier complexe.
Comment juger un symbole hors de son contexte (c'est-à-dire sans guère pouvoir appliquer nos références actuelles à une époque aux mœurs parfois méconnues), avec pour tous indices les on-dit des écrits de St Matthieu, St Marc, St Luc et St Jean.
En effet, si l’on parle de parole d’évangile, ces textes sont aussi soumis à d’humaines interprétations.
Le juge (Dominique De Wolf, qui rendosse pour quelques soirs son ancienne tenue de travail) et son jury (tiré au sort parmi les spectateurs) devront soupeser (et trancher) entre les témoignages, les plaidoiries et les interventions du public.
Ce spectacle monté par des amateurs (au niveau jeu théâtral) ne manqu
e pourtant pas d’effets de manche.
La déposition de la juge d’instruction Jehanne Sosson (avocate dans la réalité) ou celle de Carine Frenkiel-Haarscher la psychiatre (dans la vie et sur scène), les assauts du procureur du Roi (Hyppolyte Wouters, auteur de théâtre et avocat) et ceux de Cavit Yurt, l’avocat commis d’office (stagiaire depuis octobre 2007, il s’est illustré lors du Concours international de plaidoiries pour les droits de l’homme, au mémorial de Caen) offrent une jolie rhétorique, soigneusement étayée par les écrits bibliques.
Leurs convergences et leurs différences autorisent toutes les interprétations et toutes les supputations.
Vérité, sens premier et authenticité affrontent impression et perception dans un duel-ballet qui fait faire des entrechats aux contrevérités et permet (à ceux qui le désirent) de faire un joli exercice rhétorique et critique.
Résumer L'affaire Nazareth à une jolie série de pirouettes spirituelles (dans les deux acceptions du terme) est peut-être un peu réducteur tant le l’art de manier les mots et les faits se révèle ici assez jouissif.
Mais ces joutes oratoires donnent au spectacle l’agréable piment qui compense une certaine lenteur.
Spectacle vu le 02-03-2009
Lieu :
Palais de Justice - Cour d'assises du Brabant
Une critique signée
Muriel Hublet
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