Le texte distille habilement ses petites leçons de morale et ses perles de sagesse, mais comme tout bon vin, il n’en exhale que mieux ses effluves enchanteurs que quand il est dans un écrin qui titillera l’imagination du public.
Annette Brodkom a opté pour une simplicité stimulante.
Sous sa houlette, les décors (création lumière et scénographie de Thyl Beniest) et les neuf comédiens (Anne Romain, Vincent Delbushaye, Nathalie Stas, Marie Avril, Anne-Charlotte Bisoux, Julien De Broeyer, Maïté Hennemont, Christophe Herrada, Natacha Luscher) sont des esquisses.
Aux spectateurs de s’en saisir, de les étoffer, d’y rajouter leur vision personnelle, de faire de ces épures de vrais symboles.
Empli de magie, le spectacle est destiné à deux publics, l’enfant et l’adulte.
Le premier percevra le merveilleux et la féérie des arbres stylisés par des bâtons de bois ou des battements d’ailes figurés par des mouvements d’éventail.
Le second se sentira peut-être un peu frustré par cette simplicité voire cette simplification, mais finalement n’est-ce pas là aussi le message de Maeterlinck: il faut garder son âme d’enfant ?
Ceux-ci se laissent porter par le fil de l'histoire, frémissent à l’irruption de la Reine de la Nuit ou tremblent pour le pauvre Tylo (Julien De Broeyer) se battant contre végétaux et animaux.
Ils n’appréhenderont probablement pas toute la portée philosophique du récit, mais ressortiront du théâtre comme éblouis, les yeux pleins d’étoiles, prêts eux aussi à chercher leur Oiseau Bleu.
Pour l’adulte, le spectacle recèle pourtant quelques petites perles visuelles et d’émotion comme l’apparition de l’amour maternel.
Et si une partie du merveilleux lui échappe, il n’en décèlera et n’en appréciera que mieux la saveur des paraboles et le sel des critiques soigneusement distillées.
L’oiseau bleu proposé par la Compagnie du Simorgh peut se comparer au diamant de Tyltyl.
Chacun n’en percevra que quelques facettes, judicieusement choisies dans le texte et mises en scène avec féérie, respect et imagination sans jamais en dénaturer l’esprit de Maeterlinck.
Spectacle vu le 01-08-2010
Lieu :
Festival Bruxellons
Une critique signée
Muriel Hublet
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