Les Tribulations d'une Serveuse wallonne à Coxide est donc l’occasion d’évoquer un vécu et de décrire une galerie de personnages très divers, croqués avec une ironie parfois très piquante.
Elle narre en rimes et en larmes ses déboires amoureux avec un jeune poète.
Elle brosse avec une justesse étonnante le portrait d’une petite peste en couettes et jupe plissée qui torture à plaisir ses débonnaires grands-parents, vibrants Mamy, Mamy,Mamy et vigoureux martelages du sol d’un pied colérique à l’appui.
Si elle glisse sur les séances de main aux fesses, elle s’arrêtera un peu plus sur une rencontre avec des artistes pré-post-moderno-hippies aux élucubrations presque psychédéliques et à la sexualité partageuse particulièrement envahissante.
Elle croquera avec férocité Madame Pimbêche (avec un petit de) une snobinarde avec chien-chien à sa mémère qui veut régenter son entourage (y compris son bonasse de mari et sa discrète sœur jumelle).
Comme tout spectacle de fin d’études, Les Tribulations d'une Serveuse wallonne à Coxide souffre de certains péchés de jeunesse.
On y pointera une trop grande emphase poétique, un rythme un peu trop rapide que pour permettre au spectateur d’apprécier la finesse des personnages, mais on y décèlera aussi beaucoup d’imagination, un joli talent d’observation et une plume délicieusement caustique derrière une prise de conscience drôlement réaliste des problèmes de mixité de notre belgitude si complexe.
Céline Robaert en est bien consciente et malgré les chauds applaudissements qu’elle reçoit, elle va revoir le texte, l’alléger et l’affiner pour offrir un seul en scène expurgé de ses menus défauts.
À coup sûr donc, elle ne laissera plus en mémoire que le portrait attachant d’une petite serveuse pas vraiment comme les autres.
Une peinture humaine, réaliste et caustique d’une jeune fille, qui cherche l’amour et la reconnaissance dans un milieu où l’anonymat et la transparence sont souvent le lot de ces anonymes mains qui discrètement déposent plats et boissons devant nous.
Désormais, plus personne n’ira au restaurant sans un petit regard en coin, presque complice, vers la discrète serveuse.