Compartiment non-fumeurs
Fabrice Gardin replonge dans l’intrigue policière qui décidément semble lui coller à la peau.
Adaptateur de L’assassin habite au 21, metteur en scène de La souricière, auteur et cometteur en scène de Une vie d'infortune , il a coécrit avec Christian Lutz Peut-être rencontrerons-nous des pintades en route et tout dernièrement Davies, la mort qui tue, sans oublier Destin (publié également au Cri et adapté en 2005 au Théâtre du Méridien).
Avec Compartiment non-fumeurs, il nous propose un nouveau huis clos trouble.

Deux banquettes en bois soigneusement patinées et nous sommes transportés dans un compartiment de train.
Un homme s’installe et commence à lire.
Une jeune fille survient et la tranquillité est rompue.
Elle semble le connaître.
Il téléphone en catimini et sa conversation révèle qu’il attendait sa venue.
Chacun a ses secrets, ses envies, ses désirs.
Il a ourdi cette rencontre et a échafaudé ses plans.
Elle veut quelque chose de lui ?
Qui sortira vainqueur de ce tête-à-tête ?
Qui saura au mieux manipuler l’autre ?

Si Compartiment non-fumeurs ronronne gentiment, on a l’impression de louper quelque chose ou on ressent un certain manque.
Impossible de préciser l’origine de ce malaise.  
Si on y retrouve dans le scénario les bases du polar et l’ébauche d’une intrigue, les férus du genre repéreront aisément les nombreuses références et autres similitudes et de deviner très vite quelle sera la conclusion de cette confrontation finalement très prévisible.
Côté étude de la psychologie humaine, si le texte épingle le vedettariat et les relations à la mort, il ne fait que les survoler.
Les personnages ne sont qu’une (jolie) esquisse et ils leur manquent une certaine profondeur.
La mise en scène de Patrice Mincke est très sobre et presque posée.
Cette pondération des gestes laisse trop transparaître les ficelles et autres engrenages de l’intrigue.
Point de vue jeu scénique, la jeune Mélanie Robin ne s’en sort pas mal, mais Marc de Roy a l’air comme absent voire par instant carrément décalé.

Est-ce cette méforme d’un soir qui semble déstabiliser la pièce ?
Impossible d’être catégorique.
Les prémices d’un joli polar sont là, mais la sauce ne prend pas tout à fait.
Mais le spectacle n’en était qu’à sa deuxième représentation.
Si on se réfère aux précédents textes de Fabrice Gardin, au travail de comédien de Marc De Roy et aux dernières mises en scène de Patrick Mincke, gageons que ces flottements ne seront plus très vite qu’un hasard d’un soir.

Spectacle vu le 29-10-2009
Lieu : La Samaritaine
Une critique signée Muriel Hublet

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