Zaventem Moi Non Plus
Ronflements sonores et robe de princesse, Dame Natte (Nathalie Uffner) dort sur sa chaise.
Survient la femme de ménage qui silencieusement nettoie autour d’elle avant de la tirer du sommeil.
Drame !
La vilaine gougoutte du radiateur n’a pas fait son boulot, elle n’a pas fait dans son petit bol et par conséquent n’a pas réveillé sa Maman.
Bêtifiant ?
Absurde ?
Où sommes-nous donc ?
Tels des enfants glissants sur un tombant, nous venons d’atterrir dans l’univers de Charlie Degotte.
Il a planté son décor dans un aéroport surréaliste fréquenté par une bien étrange faune.
Pilier de l’institution, Nicolas Buysse incarne le Capitaine Sachet et sa fraise frémissante. Tout à la fois vendeur, aiguilleur du ciel, directeur, femme d’ouvrage il est surtout le très discret amoureux transi de Dame Natte.
À ses côtés, Antoine Guillaume et Aurélio Mergola sont tour à tour deux ménestrels un peu fêlés (génial duo), des douaniers débonnaires mais un peu obsédés, un Indien, un Gilles de Binche, un trafiquant d’Art…
Tout ce petit monde s’agite dans une frénésie débridée régulièrement couverte par les bruits d’avions, des bagages à faire exploser et les annonces des haut-parleurs.
Si Zaventem moi non plus commence donc dans le gâtifiant d’une gougoutte devenue objet familier, très vite il décolle vers les sommets du surréalisme et des références belgo-belges.
La complainte de Cyrano, la chasse aux droits d’auteur de la société Moulinsart, Folon, Magritte, le cerveau du Roi, Pékin-Express tout caracole et virevolte sur un rythme trépidant.
Seule Dame Natte semble une oasis de sérénité dans le petit monde degottien drôlement agité.
Les scènes se succèdent comme autant de bulles de bd.
Second degré, poésie et surréalisme s’entremêlent pour nous proposer un spectacle dont le fil rouge ténu est particulièrement entortillé.
A voir en groupe, rien que pour le plaisir de comparer ses perceptions et de les confronter à celles de ses voisins.
Fous rires garantis tant les raisons de délirer ou d’extrapoler sont nombreuses.
Un spectacle qui offre autant de plaisir dans la salle qu'à l'extérieur, cela mérite que les mateurs d'humour et de non-sens fassent un détour par Zaventem moi non plus.
Spectacle vu le 11-03-2010
Lieu :
Théâtre de la Toison d'Or
Une critique signée
Muriel Hublet
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