Belge & méchant
Walter ...La classe
Il déboule sur scène avec l’élégance et la férocité d’un jeune cadre dynamique.
Sous son costume impeccable, il cache la virulence t le cynisme d’un observateur pointu de ses voisins.
Sans fard et sans gants, il assène réflexions piquantes et propos corrosifs sans craindre de choquer.
Qu’il fustige les Restos du cœur ou le mariage, qu’il vante les bienfaits de l’alcoolisme ou de la masturbation, qu’il parodie les beurs ou vitriole la pédophilie en soutane, il manie si habilement les mots et le second degré que ses provocations et ses mises en abîme de l’absurdité de certains comportements semblent couler de source.
Philosophe et épicurien jusqu’au bout des ongles, il fait rire de sujets réputés sensibles sans heurter, sans paraître vulgaire.
Il dit tout haut ce que notre morale bien pensante ose à peine formuler en pensée et mieux… on en rit.
Qu’il discute vin à un mariage musulman, évoque le racisme, décrive l’attrait des allocations familiales ou l’oppression des Belges tout aussi grave que celle des noirs, homosexuels, il touche et parle vrai.
Pour ceux qui s’en souviennent, Walter a un peu dans son maintien, dans sa gestuelle et dans son apparence innocente qui lui autorise toutes les impertinences, des airs de Pierre Desproges.
Grinçant, audacieux, individualiste et anticonformiste, l’humoriste français incarnait la provocation et adorait prendre son public à contre-pied.
L’une de ces citations célèbres est : On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde, Walter met l’inverse en scène.
Brillamment méchant, il dit tout, sans complexe et sans crainte, et dans l’instant qui suit n’hésite pas à prétendre le contraire.
Son cynisme et sa fausse candeur sont rafraîchissants dans ce monde de langues de bois.
S’il égratigne largement certains, s’il en vitriole quelques autres, son spectacle n’est nullement agressif, parodique, injurieux ou blessant.
Walter, Belge et méchant, c’est rire de tout, sans tabous et… avec classe.
Spectacle vu le 08-09-2011
Lieu :
Théâtre de la Toison d'Or
Une critique signée
Muriel Hublet
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