1984
Créée en 2008-2009 au Théâtre de la Place, l’adaptation de Mathias Simons du chef-d'œuvre d’anticipation de George Orwell se veut (sur papier) une mise en parallèle de notre société contemporaine et de la vision de l’auteur en 1949, date à laquelle 1949 fut écrit.
Les prémonitions d’Orwell se sont-elles vérifiées ?
Sommes-nous devenus les pantins du pouvoir ?
La liberté d'expression existe-t-elle toujours ?
Tout débute donc aujourd’hui.
Une femme est assise solitaire face à son ordinateur.
Elle livre à son blog sa détresse, celle d’une employée renvoyée d’une multinationale pour des rasions confuses et qui se sent victime d’un système économique inhumain.
Dans sa diatribe, elle établit une comparaison entre son sort et celui de Winston Smith le héros d’Orwell.
Autour d’elle, les personnages prennent forme et vie et nous narrer le best-seller.
C’est ici que l’on va admirer le talent de Mathias Simons et son équipe.
Il réussit à faire vivre sur le plateau et ressentir au public la révolte d’un homme contre le système.
Sa quête éperdue de ses racines, d’une certaine liberté, d’amour et d’un avenir différent vont se dessiner nettement tout comme seront perceptibles les dérives d’une oppression totalitaire, d’un gouvernement manipulateur qui adapte l’Histoire à son profit, nettoie le vocabulaire et détruit toute capacité de réflexion autonome.
Les lecteurs de l’œuvre originale ne pourront que saluer (et applaudir des deux mains) ce travail imaginatif et de précision qui exhale du récit son essence même et respecte la diversité des lieux et des personnages tout en maintenant l’ambiance glauque et inquiétante voulue par Orwell. On appréciera la performance de Pietro Varrasso dans son solo de discours très cancaneur ou celle de Jean-Michel Balthazar, l’impeccable Winston Smith, chaque membre de la petite troupe (Marie-Hélène Balau, Jean-Michel Balthazar, François Demoulin, Philippe Grand’Henry, Emilie Jonet, Philippe Laurent, Anabel Lopez, Anaïs Moreau et Pietro Varrasso Balthazar) s’investit à fond dans cette interprétation tendue et fouillée.
Seulement ceux qui espèrent une mise en perspective avec notre actualité, des images fortes ou des comparaisons troublantes risquent de rester un tantinet sur leur faim.
Si l’unanimité se fait sur la réussite de cette adaptation scénique de 1984, pour beaucoup, elle pourrait donc se voir agréablement raccourcie de ce propos moderne qui laisse un peu dubitatif et qui donc allonge un récit de plus de trois heures (entracte inclus).
Spectacle vu le 20-01-2011
Lieu :
Théâtre Varia - Grande Salle
Une critique signée
Muriel Hublet
Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF