Les Acteurs sont fatigués
Des cabots qui ne mordent pas
Cinq cabots se réunissent pour fêter le succès de l’une des leurs.
S’ils aboient, grognent, montrent les crocs, ils ne seront dangereux que pour vos zygomatiques.
Ces bestioles d’une espèce particulière sont des comédiens, mais de véritables cabotins chacun dans leur genre.
Dans l’art de tirer la couverture à eux, de manipuler l’autre pour un peu plus de place sous les projecteurs, de mentir pour mieux paraître, de courir la gloire, le cachet et l’argent, ils excellent.
L’auteur français bien connu Eric Assous a l’expérience du milieu et nous en offre des portraits tout à la fois croquignolets et piquants de personnages concentrés uniquement sur leur nombril.
Pour se faire, il réunit dans l’habitation campagnarde à souhait de Marianne (Caroline Chisogne) Norbert (Christophe Marchal) une brochette d’amis du cinéma pour un barbecue festif dédié au premier rôle que vient de décrocher la maîtresse de maison.
Chacun va débouler avec ses frustrations, sa jalousie et ses mesquineries.
 Vieux beau sur le retour Stéphane (un impeccable Robert Dubois en pompeux et bouffi d’orgueil) drague à tout va et gargarise de ses emphases théâtrales.
Yolande (Jacqueline Préseau), perfide vipère, réalise des films où elle règle son compte aux hommes pour adoucir peut-être son propre ressentiment à leur égard.
L’hypocondriaque Yvan (un Thibault Wathelet pitoyable à souhait) est à la recherche d’un minuscule rôle pour survivre, même si sa préférence irait naturellement vers un emploi de jeune premier.
Laetitia (excellente Amélie Thibaut) est une jeune débutante de 19 ans.  Imposée aux autres par Stéphane, elle est mutine et luronne en diable guette de la moindre opportunité de séduire et… de se faire les griffes ?
Face à ce petit monde futile, Norbert est agent immobilier, peu lettré et fier de l’être !
Sorte de mouche du coche, il va tout à la fois asticoter et devenir leur bouc émissaire.
Leur agent aurait peut-être réussi à dompter les fauves.
Mais victime d’un accident de voiture, son absence va leur laisser la bride sur le cou.

Les Acteurs sont fatigués, c’est donc un grand déballage de sentiments, de ressentiments, de hargne, de propos revanchards, de phrases insidieuses, de gestes provocants.
Pour le public, c’est un rendez-vous avec le rire et la tendresse.
Le texte d’Eric Assous et la mise en scène de Jean-Luc Duray  nous rendent sympathiques et attendrissants ces monstres (pas sacrés) qui finalement ne sont pas très loin des cabots que nous fréquentons chaque jour au travail, en famille ou pendant nos loisirs.

Spectacle vu le 17-12-2010
Lieu : Théâtre de la Flûte Enchantée
Une critique signée Muriel Hublet

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