Les contes bobos urbains
La satire est de retour au Poche.
Après Les Contes Erotico Urbains et Héroïco Urbains, c’est la bobosphère qui est passée à la loupe.
Le bourgeois bohème, tendance écolo va en prendre pour son grade dans ces quatre contes satiriques.
Le principe est toujours le même, quatre auteurs belges concoctent un spectacle d’une trentaine de minutes.
Chacun sera interprété et mis en scène par des équipes différentes.
Au final une approche variée, tendre parfois, mais surtout cocasse de ces labellisés du bio, bourrés de gadgets high-tech, qui remisent leur 4x4 le dimanche pour parcourir à vélo les allées de la Forêt de Soignes.
Caroline Safarian ouvre la série avec Pour un monde plus juste, interprété par Frédéric Dezoteux, dans une mise en scène de Michel Bernard.
Elle nous propose un véritable pétage de plombs.
Son héros va, dans sa colère, renier toutes les valeurs prônées (imposées ?)
Si le propos amuse un peu par la pertinence de certaines observations, l’utilisation de ce genre de colère révélatrice, balayant toutes les convictions affichées, n’est pas neuve et peine à convaincre.
Le troisième type de Thomas Gunzig, interprété par Caroline Kempeneers et mis en scène par Alexandre Drouet propose les tribulations d’une adolescente née d’une mère sociologue professeur à l’ULB et d’un père extraterrestre enchainé dans la cave de la maison.
Les confidences de cette enfant pas comme les autres dépeignent le comportement pas joli joli des parvenus revenus de tout.
Si les deux premiers récits laissent le public dubitatif, la suite se révèle nettement supérieure.
Bobo va en prison, de Christian Baggen et mis en scène par Isabelle Gyselinx, nous entraîne sur un trottoir bruxellois un jour de sortie des sacro-saints sacs poubelles réglementaires.
Un inspecteur, très Columbo, de Bruxelles-Propreté (Christian Crahay) est à la recherche d’un grand prédateur urbain (Frédéric Dezoteux), un quidam qui se trompe dans le tri des déchets.
Au-delà du jouissif propos sur l’épineux choix qui se pose chaque jour à nous : bleu blanc ou jaune et sur la bonne place des polypropylènes, le propos dévie (un peu confusément) en bondieuseries et autres modifications climatiques.
On préfèrera donc se satisfaire pleinement de la première moitié du conte.
Le meilleur est décidément pour la fin avec Téléphone vert de Claude Semal.
Avec Charlie Degotte aux commandes et Jean-Luc Piraux à l’interprétation, le texte déjà savoureux prend un relief hilarant.
Le GSM cet engin bruyant, polluant, cancérigène en prend pour son grade.
Normal d’être en colère après untel engin quand on est chargé d’assurer la promotion de l'écophone, sorte de téléphone à pédalier et moulin à vent.
Inénarrable, mais à mourir de rire, ce petit bijou mérite à lui seul de consacrer une de vos soirées aux Contes Erotico Urbains et Héroïco Urbains au Poche.
Spectacle vu le 08-12-2010
Lieu :
Théâtre de Poche
Une critique signée
Muriel Hublet
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