R.W. 2ème dialogue
Comment qualifier R.W.?
Comment le décrire ?
Poétique et fragile, déroutant et complexe, accrocheur et surprenant, énigmatique et limpide, monocorde et lumineux, telle une toile impressionniste, il est claire ambiguïté, rêve éveillé, atmosphère feutrée et magie des images.
Chaque geste, chaque mouvement, chaque lumière, chaque note de musique, chaque regard, chaque mimique, pris séparément décontenance, interpelle ou étonne.
Avec le recul nécessaire à ce genre de peinture, les éléments que l'on les perçoit comme de petites touches délicates, d’éphémères instants sublimés deviennent un tableau rare et précieux, où tout n’est que suggestions, sensations et perceptions.
Le metteur en scène Pascal Crochet et son équipe artistique se sont glissés dans l'univers de l'auteur Robert Walser et y ont puisé divers extraits de ses romans, nouvelles et poésies.
Ils ne s'emparent pas de l'œuvre, ni ne se l'approprient, simplement, ils en saisissent les images et les proposent aux spectateurs.
Si le fil conducteur est très ténu, si pour certains R.W semble frôler l'irrationnel, il est pourtant impossible de résister (totalement) à ces rencontres dans la ville ou à cette (re)découverte de la nature et de la famille.
Chaque scène se caractérise par la manipulation à vue de décors de carton et par la gestuelle lente et feutrée des acteurs qui dupliquent leurs gestes, les amplifient ou les détournent.
Entre poésie et humour, une beauté étrange se dégage de l'ensemble.
L'imagination se pique au jeu.
Chacun tisse son canevas personnel et, dans sa vision très intime, aura sa propre interprétation de cette expérience théâtrale aussi singulière que captivante.
La disparition du corset de la taille des comédiennes Anna Cervinka et Cécile Leburton devient la liberté acquise.
Les mouvements synchrones (ou non) de François Delcambre, Thierry Lefèvre, Étienne Van der Belen et Simon Wauters rappellent les chorégraphies des frères Jacques.
Les perceptions, les repères, les sensations varient ainsi en intensité ou en profondeur.
Le dialogue intérieur est chaque fois différent.
Tout est personnel subjectif, impossible donc d'en dire plus sans en risquer d'en déflorer le mystère et la magie.
R.W. 2e dialogue est à déconseiller aux esprits cartésiens.
Pour les autres, une fois mise de côté toute vaine tentative d’y déceler le moindre parallélisme avec la réalité, ils découvriront un théâtre original, qui sublime l'infime et transcende l'onirique.
Spectacle vu le 07-10-2010
Lieu :
Rideau de Bruxelles
Une critique signée
Muriel Hublet
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