Le Système Ribadier
Belle Époque, nous revoilà.
Légèreté, insouciance, frivolité, froufrous, cocottes et fricotages déboulent sur scène dans cette pièce peu connue du maître du vaudeville.
Le système Ribadier renoue avec les thèmes préférés de Feydeau : adultère, trahison et quiproquos.
Il y ajoute un nouvel élément, un véritable déclencheur : l’hypnose.
C’est cette technique très peu orthodoxe qu’utilise Ribadier (Jean-Pierre Bruno excellent en quinqua primesautier) pour échapper à la jalousie quasi morbide de sa tendre moitié (Pascale Bonnarens finaude manipulatrice à souhait).
Celle-ci, méchamment échaudée par les tromperies à répétition de son premier époux, ne lâche pas d’une semelle son second mari.
Courrier détourné, irruption dans ses réunions de travail, querelles incessantes rien n’est trop bon pour tenter de le prendre en défaut.
Celui-ci, peu découragé par ces sempiternelles crises poursuit ses fredaines à grands coups de sommeil artificiellement provoqué.
Sans méfiance, il révèle son secret à un ami de retour des colonies (André Bodart amant déçu plutôt haut en couleur).
Hasard et Feydeau obligent, ce dernier est un ancien soupirant de son épouse qui va profiter de l’absence du volage pour essayer de la séduire.
Ajoutez à ce triangle classique le mari trompé (Vincent Koever, cocu opiniâtre et boutiquier à l’extrême), et voici les conditions réunies pour une avalanche de soupçons, mensonges, malentendus, excuses maladroites, accusations, défenses piteuses…et rires.
Un brin plus psychologique, la pièce s’éloigne un tantinet du théâtre de boulevard, de ce que l’on résume souvent en portes qui claquent.
Plus proche de la comédie de mœurs, cette satire féroce est le portrait cynique et sans concession d’une société nombrilisme qui vit au rythme de ses folies et de ses obsessions.
La mise en scène de Bernard Lefrancq insuffle à l’ensemble une cadence endiablée. Sa direction d’acteurs, très respectueuse de l’auteur, nous offre pourtant quelques gags croustillants et fait souffler un joli vent de folie dans le salon des Ribadier.
Déjà au programme de la troupe spadoise il y a quelques années (avec une autre distribution), Le système Ribadier n’a décidément pas pris une ride et reste un spectacle cocasse qui mérite d’être (re)découvert.
Faites donc d’une pierre deux coups, amusez-vous et soutenez le Théâtre des Sources qui se démène comme un beau diable pour se faire une minuscule place à côté de son immense grand frère le Festival de Spa.
Spectacle vu le 07-08-2011
Lieu :
Festival Royal de Spa (Salon Gris)
Une critique signée
Muriel Hublet
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