Cincali !
Nous sommes tous l’enfant de….
Parents et grands-parents sont nos racines, nos fondements, mais souvent les connaissons-nous vraiment ?
Nous sommes nous donner le temps de partager un peu de leur vie, de leurs souvenirs, de qui les a marqués et par là même continue à nous influencer ?
Hervé Guerrisi s’est traduit et adapté le texte italien de Mario Perrotta, et devient (enfin) petit-fils de mineur italien.
Un terme qui pour un gamin né en Belgique et ne parlant que français ne veut franchement guère dire grand chose.
Un jour, il franchit les Alpes, découvre l’Italie, sa cuisine, sa langue, le volet italien de sa famille, la région d’origine des siens, le village natal de son grand-père et petit à petit Histoire et histoires se confondent.
Seul en scène, par la bouche du facteur resté au pays, alors que tous les jeunes du Salento ont émigré, Hervé Guerrisi va nous raconter la vie de ces hommes jetés sur les routes par la promesse d’un avenir meilleur qui finalement les plongera dans la noirceur des puits de mine.
Avec ses yeux, ses mains, sa conviction et son talent pour uniques accessoires, il fait naître une quinzaine de personnalités très différentes.
En personnage principal, l’employé des postes, qui pendant des années, seul capable de livrer, mais surtout de lire et écrire le courrier, est le confident bien involontaire de ceux qui sont partis plein d’espoir, dans la fleur de l’âge, qui crient leurs frustrations, leurs rages et leurs désespoirs.
Récits sombres et vivants, évocations parfois dramatiques racontées avec verve, passion et humour, Cincali est une rencontre avec les gueules noires italiennes, avec un pan de notre histoire peut-être en partie méconnue chez certains, mais rendue si vraie, si proche. Combien d’entres eux sont revenus de ce voyage au pays de la houille, les poumons emplis de silicose, le souffle court ?
Combien n’ont été que d’anonymes et froides statistiques sur les victimes de la mine et des coups de grisou ?
Amours, regrets, absences, souffrances, orgueil, espoirs, mensonges, désillusion, respect, pudeur, solitude, douleur tout se dit sans voyeurisme, sans pathos, tout simplement, naturellement.
C’est la vie qui s’écoule, se déroule au fil des mots, simple, directe, humaine qui vous saisit par le cœur, vous scotche à votre fauteuil, suspendu aux paroles d’Hervé Guerrisi.
Spectacle sans artifices, Cincali c’est une chaise, quelques lumières et un talent fou.
Spectacle vu le 15-08-2012
Lieu :
Festival Royal de Spa (Salon Gris)
Une critique signée
Muriel Hublet
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