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Skylight
SkylightLes mille vérités…
Kyra (Erika Sainte) a fui Tom (Michel Kacenelenbogen) et s’est reconstruit une nouvelle vie.
Edward (Toussaint Colombani) vient de fuguer et débarque chez elle, avec ses révoltes d’adolescent et ses questions sur la fuite de Kyra, la mort de sa mère, le comportement de son père.
Peu après, celui-ci surgira et avec lui tout un passé enfouit : sa fuite du milieu paternel, son arrivée à Londres, sa rencontre avec Alice (l’épouse de Tom), son travail dans leurs restaurants, sa liaison secrète avec celui-ci, son cœur brisé, sa lente reconstruction personnelle…
De son côté, Tom n’a toujours pas compris son départ brutal et sans explication.  Il a très mal supporté le rejet de sa femme et les douloureuses circonstances de son décès.
Ensemble, pendant une nuit, ils vont essayer de redécouvrir les pièces du puzzle, de le reconstruire, de retrouver leur propre identité et qui sait renouer leurs liens.
Skylight, spectacle anglais de David Hare, a déjà 15 ans.
Pourtant, les mots sont toujours aussi vrais.
Sans jamais juger, l’auteur laisse chacun s’exprimer, émettre ses doutes, ses confusions, ses colères, ses incompréhensions, ses rêves, ses besoins, ses frustrations.
Profondément humains, Kyra et Tom sont chacun de nous, un peu comme des miroirs brisés dont les mille morceaux luisent et multiplient leurs reflets pour mieux dévoiler le gouffre de silences, de culpabilité, de non-dits, de jugements, d’a priori, dont nous faisons notre quotidien au mépris de la douleur que provoque le contact de chaque aspérité du verre coupant.

Point de victime, point de bourreau, juste deux êtres intimement blessés qui se cherchent, dans un dialogue profond, subtil et plein d’humour.Skylight

Délicatement équilibrée, la mise en scène de Michelangelo Marchese crée rythme et intensité, tout en ménageant de magnifiques espaces aux secrets, aux fêlures et autres souffrances muettes.
Sous sa direction, Toussaint Colombani est excellent en ombrageux rebelle maladroit.
Erika Sainte nous charme en flamme vive, une femme toujours à  la recherche d’elle-même et d’absolu, préférant blessure et solitude à la compromission.
Michel Kacenelenbogen est l’homme d’affaires qui vole de succès en succès. L’argent n’est qu’un moyen, une assurance, un pouvoir, derrière lesquels il cache une maladresse bourrue.

Le texte plein de sel et de saveur de David Hare, fait de Skylight un huis clos profond, tendu et captivant. Sans jamais lasser, il ne cesse de brouiller les cartes, de les redistribuer, d’opposer les opinions, de réveiller les rancœurs, de révéler certaines culpabilités.

Spectacle vu le 22-11-2012
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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