Les fleurs du mal
Baudelaire, Les Fleurs du Mal…
Qu’évoque en nous le poète maudit ?
L’un des précurseurs de la poésie moderne ?
Un horrible pensum pendant notre cursus humanitaire ?
Le souvenir de poèmes ardemment dévorés un soir de spleen amoureux ?
Notre livre de chevet ?
Personnelle, elle est intime, question de perception, d’affinités, d’instants privilégiés.
Créer sur les planches un spectacle basé sur ces textes décriés, bannis, adulés, magnifiés peut sembler étrange, voire déroutant.
Difficile, de prime abord, de s’imaginer partager le même ressenti avec d’autres, des étrangers, et ce, quasi sur commande.
C’est dire si les attentes et les espoirs sont nombreux et divers en pénétrant dans la salle semi-obscure du Théâtre Le Public, en découvrant ce petit coin bucolique, cette paisible prairie (scénographie et costumes de Sylvie Lépine) où trois jeunes gens vont s’ébattre, vivre, vibrer, pleurer, aimer, se souvenir, regretter, supplier…
Françoise Courvoisier mélange les textes de Baudelaire et de Brigitte Fontaine (auteur-compositeur-interprète, comédienne, dramaturge et écrivaine française contemporaine), elle crée une ambiance à la fois poétique, sulfureuse, sensuelle, provocante, sensible.
À aucun moment elle n’évacue, que du contraire, la beauté, la douleur, les dilemmes, les égarements physiques ou moraux, les compromissions, le poids du silence, la solitude, l’ennui, les perversions, la pureté, la spiritualité…
Sur scène, Robert Bouvier, Cédric Cerbara et Aurélie Trivillin déclament, expriment, disent, clament, chantent mots et cris, souffrances et espoirs, errances et désespoirs avec fougue, justesse et conviction, le tout sur des musiques d’Arthur Besson et sous de superbes éclairages de Laurent Kaye.
Retrouvailles ou découverte (tout au moins pour beaucoup celle de Brigitte Fontaine), ces Fleurs du mal se hument avec plaisir, voire une certaine volupté.
Elles sont, espérons-le, un premier rendez-vous public avec Charles Baudelaire, avant d’autres,plus intimes, en tête-à-tête avec soi-même, à respirer l’odeur d’Une Charogne, à regarder Les petites vieilles, à plaindre L’albatros, à passer ses doigts dans La chevelure…
En se remémorant comme un leitmotiv, comme une véritable leçon de vie…
… car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or…
Spectacle vu le 12-01-2013
Lieu :
Théâtre Le Public - Voûtes
Une critique signée
Muriel Hublet
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