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Jusqu'à ce que la mort nous sépare
Jusqu'à ce que la mort nous sépareJe t’aime, moi non plus !
Retrouver la maison de son enfance, celle que l’on s’est empressé de fuir à la première occasion fin d’adolescence, est un cap rarement évident et sonne souvent l’heure d’un bilan délicat.
On y revient avec ses rancœurs bien vivaces, les reproches toujours solidement chevillés à l’âme et du plomb dans les chaussures.
Simon (Vincent Doms) est empêtré dans ces contradictions.
Pourquoi diable avoir fait le trajet, avoir assisté aux funérailles de sa grand-mère, pourquoi rouvrir de vieilles blessures non cicatrisées, laisser sa mère lui asséner remontrances et griefs, se plaindre des sacrifices consentis et de sa longue solitude.
Pour revoir Anne (Flavia Papadaniel), son amour de jeunesse ?
Pour mettre enfin de l’ordre dans une existence finalement assez terne et insipide, presque par procuration ?
Son week-end ‘familial’ sera mémorable.

L’auteur français Rémi De Vos n’a pas son pareil pour créer des situations absurdes et cocasses, pour y plonger avec une délectation raffinée ses personnages et ainsi nous concocter un mécanisme d’horlogerie diabolique qui va entraîner les deux jeunes gens de mensonges en quiproquos, d’inventions les plus farfelues en silences piteux et gênés.
Au centre de la toile, telle une araignée, il place la mère (Françoise Oriane), envahissante râleuse,  curieuse rouée qui va souffler le chaud et le froid sur son fils et son amie. 
Si les circonstances peuvent paraître morbides (la mort, l’incinéraJusqu'à ce que la mort nous séparetion, une urne, le chagrin, la survivance), le ton ironique et caustique, le rythme digne d’un polar, les rebondissements vaudevillesques transformeront vite la représentation en une cynique comédie burlesque et sentimentale. 
Précise, dynamique et attentive à la gestuelle et aux mimiques, la mise en scène de Valérie Lemaitre joue habilement de la proximité avec les spectateurs, les prend presque comme témoins et permet d’apprécier  la qualité de jeu des acteurs travaillée jusqu’au plus petit tremblement d’un menton.
Entre causticité et drôlement noire, Jusqu’à ce que la mort nous sépare nous régale d’émotions tendres, mais aussi de moments cocasses. Se jouant de la réalité, la décortiquant et y insufflant une belle dose d’humour, Rémi De Vos nous fait du tragique, une cocasserie croustillante.  La pseudo-fragilité de Françoise Oriane, les airs de grand gamin paumé de Vincent Doms et les mines de St Nitouche de Flavia Papadaniel ne sont que la cerise sur un gâteau déjà bien savoureux.
À dévorer sans crainte et sans remords.

Spectacle vu le 14-03-2013
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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