Feu la mère de Madame - Feu la Belgique de Monsieur
Monsieur rentre aux petites heures du matin et réveille son épouse.
Départ d’une classique scène de ménage ?
Oui ! Mais nous sommes au théâtre, chez Feydeau, un des rois du vaudeville.
Rien ne risque d’être simple.
La chère et tendre n’acceptera pas de bon gré les humeurs bougonnes du fêtard et ses malaises.
Ajoutez à cela une bonne tirée de son sommeil par ce patron bien peu compréhensif et un commissionnaire qui se trompe de porte sur le palier et vient par erreur annoncer le décès de la mère de Madame, c’est le déluge (très Magrittien), la tempête, une vraie tornade qui s’abat sur le petit appartement (décor circulaire de Vincent Lemaire).
En 30 minutes chrono, Philippe Jeusette et Valérie Bauchau, mis en scène par Frédéric Dussenne, vous offrent une version très contemporaine et enlevée de Feu la mère de Madame.
Dignes des querelles que vous pourriez surprendre chez vos voisins, l’ardeur, la verdeur des gestes secouent allègrement un Feydeau déjà par nature solidement rythmé.
Le public devient quasi voyeur de ce qui se passe dans l’appartement d’en face et se délecte d’un crêpage de chignons en règle (images en plus).
Sur ce dernier point, les amateurs éclairés, voyageant de théâtre en théâtre trouveront un peu dommage (réchauffé ?) cette solide redite d’Occident (même équipe, même type de jeu, etc.). Cela cependant n’enlève rien à l’humour et au piment des scènes, les fidèles spectateurs du Parc se voient malgré tout offrir ainsi un joli vent de fraîcheur et de cocasserie.
Mais l’attendue, l’espérée, c’est Feu la Belgique de Monsieur, le nouveau texte de Jean-Marie Piemme, que l’on annonce comme une extrapolation suite à l’émission canular de la RTBF Bye Bye Belgium.
Freddy (Philippe Jeusette), majordome au palais, regarde le fameux programme sans en percevoir le côté fictif, réveille la famille royale et organise en vitesse un remake de la fuite à Varennes. Pour sauver les apparences et laisser du temps à ses Majestés de se mettre en sécurité, il jouera, avec sa compagne Sandra (Valérie Bauchau), les doublures.
Les répliques fusent, les remarques politiques volent, de Bart l’Empaleur, à un commentaire très canidé sur le nationaliste, ici une critique acerbe de notre univers politisé, là une énième plainte sur notre pléthore de ministres et autres planqués gouvernementaux.
Piemme glisse dans la bouche de ses personnages une évocation des raisons d’une certaine Belgitude, en passant par un appel aux Damnés de la Terre, un plaidoyer à un peu plus d’union (à deux pas du Parlement, ne rêve t-il pas de nous refaire le coup de La Muette de Portici).
Frédéric Dussenne l’assaisonne de chansons de Claude Semal autre poète et chantre belge.
Personne ne se lève … ?
Pas de révolution ce soir alors ?
Feu la Belgique de Monsieur, c’est à écouter les uns et les autres : critiques acerbes, propos pertinents (mais convenus et rabâchés pour la plupart), vœux pieux, récupération inutile d’une monarchie déjà malmenée, mordant, trop, pas assez…
Comme chaque fois, avec l’humour les avis divergent et c’est bien normal.
Chacun a ses attentes et sa vision des faits.
Une chose est certaine, ces deux courtes pièces, rapides, rythmées, pleines d’énergie, vont en décoiffer plus d’un.
Rires garantis… (Jaunes peut-être, selon que vous soyez…)
Spectacle vu le 28-02-2013
Lieu :
Théâtre Royal du Parc
Une critique signée
Muriel Hublet
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