La Virevolte
Ce corps est sorti d'elle.
Les premiers mots de la pièce parlent de sentir grandir la vie en soi, donner la vie, être mère.
Lin, danseuse et chorégraphe, vient de partager cet instant rare et précieux avec Derek, professeur d'université.
Comme tous les parents, ils sont fous de ces petits pieds, de ces doigts mignons, de leur adorable Angela.
Lin malgré tout reste vulnérable, fragile.
L’arrivée de Marina leur seconde fille ne fera qu’augmenter le poids des contraintes qu’elle n’arrive plus à assumer, elle s’enfonce, elle s’effondre.
La Virevolte est cette lente chute silencieuse, cette perpétuelle hésitation, ce cruel tiraillement entre désir, passion, amour, hantises et famille qui conduira Lin à la fuite et le couple au divorce.
Destruction et reconstruction par delà la déchirure de l’abandon, au-delà des rancœurs, des reproches et des frustrations, Derek, Angela et Marina comprendront-ils et accepteront-ils le choix de Lin ?
Isabelle Jonniaux adapte et met en scène avec respect, pudeur et énormément de sensibilité ce roman de Nancy Huston.
En conviant sur le même plateau la danseuse et chorégraphe Johanne Saunier pour interpréter Lin, Serge Demoulin, Sarah Brahy et Charlotte Villalonga pour les autres membres de la famille, paroles et danse se marient, s’unissent, se répondent, se complètent.
Mots et notes (création sonore de Thomas Thurine) créent une ambiance prenante, qui dresse le portrait réaliste, sans aucune concession, mais sans pathos, avec même, grâce aux dialogues des enfants au départ âgées de 4 et 7 ans, de l’humour et de la fraîcheur.
Le décor fait de caisses à munition (recelant les accessoires) et d’un portique vitré (scénographie et costumes Renata Gorka) laisse toute la place à l’expressivité de la danseuse, baignée des créations lumières de Florence Richard et aux talents des trois interprètes.
En un peu plus d’une heure, Isabelle Jonniaux nous fait les témoins privilégiés, les confidents de cette famille décomposée, en plein questionnement, à la recherche de… liberté ? D’identité ? De soi-même ?
Étonnant. Captivant. Envoûtant.
Spectacle vu le 26-02-2013
Lieu :
Centre culturel Jacques Franck
Une critique signée
Muriel Hublet
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