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Enfer
Après le Purgatoire, Dominique Breda (auteur et metteur en scène) explore, dans ce qui s’annonce comme une trilogie, le côté obscur, celui qui fait peur, celui des flammes éternelles.
Un Enfer annoncé comme un lieu pavé de drôles d’intentions !
Côté scénique, il a gardé le même principe, découpage en saynètes (titrés comme les chapitres d’un livre), comédiens quasi toujours de noir vêtus, très peu d’accessoires et presque la même petite bande d’acteurs : Jean-Francois Breuer, Catherine Decrolier, Thomas Demarez, Julie Duroisin et Amélie Saye qui rejoint le quatuor pour cet opus infernal.

Tout commence à l’évolution des nos premières  cellules souches qui, au vu du programme imposé (créer un enfant avec de l’asthme …) se mettent à douter du bien-fondé de leur tâche.
Absurde ?
Oui, peut-être.
Mais les familiers de l’écriture de Dominique Breda reconnaîtront sans peine sa griffe, son talent pour explorer par le rire et le cynisme nos manies, travers, préjugés et autres petits défauts (ou grosses tares).

De l’ex-pape homophobe à une famille totalement incapable de communiquer, d’un navire tombant dans le «Rien » à une séance plutôt épique chez un conseiller conjugal, les courtes scènes s’enchaînent plus ou moins incisives, mais toujours pertinentes.
Car derrière l’humour, il y a le grinçant des vérités trop souvent soigneusement enfouies.

Nos a priori, notre manque de communication, notre passivité…
Tout est passé à la moulinette et nous est renvoyé avec une énergie rafraîchissante.
Si de prime abord, certains sketches paraissent moins drôles, avec le recul ils sont les plus porteurs de messages.
Autant Purgatoire était accessible d’emblée, au premier degré, Enfer suscite plus de réflexions, et nécessite parfois un temps d’intégration pour en capter toute la portée.
Toute l’acidité et la truculence du texte n’auraient pas le même relief sans le jeu des cinq comédiens.
Tout est étudié. Gestes, mimiques, regards, tous participent à l’ensemble, à créer des dissonances volontaires, un effet gag au milieu d’un moment ‘dramatique’, à souligner une nouvelle absurdité.
Après un Purgatoire jouissif, si l’Enfer se révèle plus corsé, plus acéré, piquant et subtil tout à la fois, il ne vous paraîtra pas une terrible punition, que du contraire.

Spectacle vu le 12-09-2014
Lieu : Théâtre de la Toison d'Or

Une critique signée Muriel Hublet

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