Juke Box
Nous connaissons les grèves et les retards de la Stib.
Elle s’illustre par une bourde de plus désormais.
Des passagers abandonnés dans une rame entre deux stations de métro et pour pimenter le tout, un soir de réveillon.
Ouf ce n’est pas une nouvelle anecdote bruxelloise (bien que certains puissent parfaitement la considérer comme franchement plausible) mais l’invention totalement tordue des auteurs du spectacle Juke-Box.
Parlons-en de ces drôles de zèbres, ils se sont mis à huit pour pondre ce récit abracadabrant (et totalement déjanté).
Énorme penserez-vous.
Non, une gageure, un pari fou, chacun continue le texte du précédent.
Le résultat est détonnant, parfois avec quelques petits lâchages sur certains raccords, mais reste un fameux délire et offre quelques belles tranches de rire.
Laurence Bibot, Dominique Bréda, Marie-Paule Kumps, Myriam Leroy, Riton Liebman, Sébastien Ministru, Alex Vizorek et Delphine Ysaye ont enfermé un flamand ‘bien entamé’ (Pierre Poucet), une comédienne ratée et frustrée (Julie Duroisin), une enseignante adepte de la pole barre (Bwanga Pilipili), une clocharde ronchon (Emmanuelle Matthieu), une fliquette désabusée à la poigne féroce (Myriem Akheddiou), un professeur à bout de nerfs (Stéphane Fenocchi) et un homo introverti (Aurelio Mergola).
Avec un pareil groupe, on ne peut s’attendre qu’à des étincelles et quelques solides pétages de plomb.
De vains appels au secours via un interphone désespérément muet à un échange de cadeaux au goût parfois douteux, de l’odeur infâme d’une morue (pourtant très fraîche, paraît-il) à un strip-tease, de baisers torrides en crêpages de chignon rien ne sera épargné à ces victimes d’un soir.
Ce melting pot d’humanité, poussée dans ses retranchements, tiraillée par cette situation extrême, explose, tremble, vacille et pétille.
Un vrai feu d’artifice qui envoie des fusées de toutes les couleurs dans tous les sens.
Inévitablement, il y a bien quelques pétards mouillés, des gags qui ne font pas mouche, mais l’ensemble reste plaisant.
Et que demander de mieux en cette période de fêtes qu’une folie théâtrale et musicale (Katy Perry, Petula Clark, Queen, Plastic Bertrand ou Prince) et sans oublier les chorégraphies (réussies) qui émaillent le jeu des comédiens.
Si certains sont excellents (Myriem Akheddiou, Julie Duroisin, Stéphane Fenocchi, et Pierre Poucet), Aurelio Mergola et Bwanga Pilipili, moins expérimentés peut-être, n’ont pas encore le même piquant.
La découverte de la soirée est Emmanuelle Matthieu.
Dans ses mimiques, sa gestuelle ou sa dégaine, elle dévoile un véritable talent comique et insuffle à sa clocharde une truculence rare.
Ne ratez donc pas l’occasion de prendre vous aussi un ticket pour ce dernier métro surréaliste qui vous emmènera dans un voyage mouvementé et totalement déjanté en pure absurdie.
Spectacle vu le 17-12-2014
Lieu :
Théâtre de la Toison d'Or
Une critique signée
Muriel Hublet
Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF