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Démons me turlupinant
Démons me turlupinant Imaginez-vous assis sur une plage, occupés à manipuler des galets.
Vous les prenez, les caressez, les polissez des doigts pour en adoucir les contours …
Démons me turlupinant, titre de la pièce et de l’œuvre de Patrick Declerck dont Antoine Laubin et Thomas Depryck signent l’adaptation théâtrale, peut s’y comparer.
Récit tout à la fois biographique et empreint d’une critique de la psychanalyse, c’est un homme qui se déconstruit pour mieux se retrouver, pour tuer les démons qui l’ont hantés, marqués, façonnés, le tout énoncé avec un humour corrosif, de la poésie et beaucoup tendresse.

Si la mise en scène d’Antoine Laubin transpose habilement la puissance des mots, la force des images et l’ironie caustique, il est formidablement aidé par l’incroyable scénographie de Stéphane Arcas.
Des livres jonchent le plateau, des caisses en encombrent les recoins et en arrière-plan, une bibliothèque aux rayonnages vides semble attendre le bon vouloir de Brice Mariaule et Hervé Piron.

Dans un langage accrocheur et plein d’humour, dans un jeu dédoublé, ils vont ranger ces bouquins, les mettre en place, un peu comme ils vont également le faire avec les souvenirs de Patrick Declerck.
Toute l’originalité réside dans ce ‘rangement’.
Prenant au pied de la lettre la théorie qui veut que nous soyons la somme de nos expériences, de notre vécu, Stéphane Arcas a tracé sur la tranche de chaque livre un fragment de dessin.
Au fur et à mesure qu’ils retrouvent leur place dans l’étagère, une image s’esquisse sous nos yeux.

Sans grande chronologie, Brice Mariaule et Hervé Piron se glissent dans les pas d’auteur et apportent tour à tour un nouvel élément, une bribe d’enfance, un regret, un questionnement…

S’il ne fallait émettre qu’un bémol, ce serait le rythme dynamique et partageur.
Étrange à dire pour une fois, mais ce texte fort, porteur de superbes pensées, est tellement dense que l’on aimerait pouvoir s’attarder, avoir le temps de s’imprégner d’une idée, de noter une expression.
Impossible malheureusement, à tel point qu’à la sortie, certains spectateurs disent qu’il leur faudrait une seconde vision pour mieux percevoir et découvrir toutes les subtilités de ce Démons me turlupinant drôlement captivant et séduisant.

Spectacle vu le 09-01-2015
Lieu : Rideau de Bruxelles

Une critique signée Muriel Hublet

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