Six pieds sous terre
En moyenne, le Belge vit jusque 75 ans.
Après un laborieux calcul, il reste 20 ans à Jean-Luc Piraux avant son rendez-vous avec la Grande Faucheuse.
Que faire de ces années ?
Que ferons-nous de ce temps et surtout comment le vivrons-nous réellement ?
Déments, incontinents, avec une prothèse auditive ou une hanche artificielle ?
En soins palliatifs, parqués dans un hospice ?
Un sujet bien morbide en apparence ?
Jean-Luc Piraux, fort d’une longue fréquentation du milieu hospitalier, maisons de retraite et autres mouroirs, nous revient avec un spectacle … à mourir de rire.
Avec poésie, humour et beaucoup de tendresse, il narre ses visites à des personnages truculents et attachants.
Sans avoir l’air d’y toucher, au détour d’un éclat de rire, presque distraitement, il dit pourtant pas mal de vérités.
Sorte de Pierrot lunaire, il se joue de nos angoisses face à ce sujet tabou, cette échéance inéluctable.
Qu’il court sur la scène avec un lange trempé aux fesses ou évoque une nonagénaire nymphomane, on ne peut s’empêcher de rigoler de ce qui nous attend peut-être d’ici quelques années.
Si les liens entre les différentes parties du spectacle semblent parfois aussi fragiles qu’un vieillard cacochyme, c’est avec la vigueur d’un fringant jeune homme que Jean-Luc Piraux les aborde et les développe avec une touchante (fausse) maladresse.
Cette fois, il est rejoint pour quelques minutes par sa compagne.
Si cela casse un peu le rythme de l'ensemble et peut paraître quelque peu superflu, il montre simplement l’importance d’être aimé et d’aimer, quel que soit notre âge.
Il mord à pleines dents dans la vie, l’envie d’exister et de repousser non seulement l’échéance, mais aussi les diktats de la médecine (ne plus boire, ne plus fumer, faire attention au cholestérol…)
Ne ratez donc pas cette rencontre pré-mortem à mourir de rire.
Spectacle vu le 28-01-2015
Lieu :
Théâtre Varia - Grande Salle
Une critique signée
Muriel Hublet
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