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François, le saint jongleur
François, le saint jongleur   Jouissif, délicieusement iconoclaste et frondeur

Je suis le Jongleur de Dieu !
Présomption ? Vantardise ?
Si l’on s’attache à la définition moderne, Dieu a-t-il vraiment besoin d’un lanceur de quilles et autres balles ?
Si nous nous transportons au Moyen Âge, nous découvrirons un bateleur, un amuseur, un raconteur qui va de place en place porter ses mots et ses histoires.
C’est ce sens que Dario Fo a insufflé dans son texte François le saint jongleur.
Dans l’Italie du XIIIe siècle, il nous narre, dans un joyeux monologue plein de malice et de façon très libre, la vie du saint d’Assise.
Son récit, extrait de textes canoniques ou de vieilles fables populaires d’Ombrie, est tout à la fois un conte savoureux et une critique sociétale où l’Église comme la bourgeoisie ne ressortent pas forcément grandies.

Seul en scène, sous la houlette du metteur en scène Toni Cecchinato, Jean-Marie Pétiniot harangue la foule des spectateurs, comme jadis St François.
Du regard, du geste et de la voix, il nous fait revivre la vie du fondateur de l’Ordre des Franciscains.
Du fils de riche marchand à celui d’apôtre de la pauvreté, c’est une rencontre atypique avec un saint descendu de son piédestal, d’un prédicateur gagnant son pain par le travail manuel ou l'aumône.
Pas de personnages magnifiés, mais des êtres simples et bons ou serviles et profiteurs, des hommes tout simplement.François, le saint jongleur

Toni Cecchinato sort allégrement du cadre italien en insérant des références à notre belgitude, à Dario Fo ou à l’actualité politique et économique.
Avec pour tout décor une peinture de l’auteur lui-même, Jean-Marie Pétiniot se glisse avec adresse et grâce dans cette interprétation complexe et drôlement vivante qui fait apparaître de nombreux intervenants.
Sa large palette de jeu lui permet de passer de l’un à l’autre avec aisance et fluidité, et même si de temps en temps une hésitation sur une phrase se ressent, l’ensemble reste plus que plaisant.
Captivant, voire ensorcelant, Jean-Marie Pétiniot fascine et tient son public en haleine dans cette comédie pas très catholique, mais franchement originale.

Spectacle vu le 21-02-2015
Lieu : Poème 2

Une critique signée Muriel Hublet

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